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Retratos
Collections du Centre Pompidou
25 sep 2012 - 6 ene 2013
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Cette exposition conçue pour la Fondation Mapfre à partir des prestigieuses collections du Centre Pompidou autour de la question du portrait et de l'autoportrait, regroupe une soixantaine de chefs d'oeuvre exécutés par les artistes majeurs du XXe siècle : Pablo Picasso, Henri Matisse, Amedeo Modigliani, Henri Laurens, Fernand Léger, Alberto Giacometti, Antonin Artaud, Francis Bacon ou encore Antonio Saura…
Madrid - Fundación Mapfre
Parmi les genres picturaux issus de l’Académie, le portrait, dont on pouvait
penser qu’il serait rétif aux diverses révolutions esthétiques, modernistes
notamment, a produit la plupart des icônes de l’art du XXe siècle. On ne fait
pas un portrait impunément sans que surgissent d’emblée des présupposés
philosophiques, religieux, mythiques ou métaphysiques.
Cubiste, futuriste ou surréaliste, le portrait est un manifeste esthétique ;
pour autant il semble ne jamais se départir tout à fait de ses obligations
vis-à-vis du modèle. La semblance transcende la forme ; la défiguration est en
fait une transfiguration. Quand viendra la déconvenue de l’Histoire, le
portrait porte tout à la fois, la violence, la barbarie et la tragédie de
l’humanité contemporaine.
Cette exposition conçue pour la Fondation Gianadda à partir des prestigieuses
collections du Centre Pompidou autour de la question du portrait et de
l’autoportrait, regroupe une soixan-taine de chefs d’œuvre exécutés par les
artistes majeurs du XXe siècle : Pablo Picasso, Henri Matisse, Amedeo
Modigliani, Henri Laurens, Fernand Léger, Alberto Giacometti, Antonin Artaud,
Francis Bacon ou encore Antonio Saura…
Après la première révolution moderne qu’ont représenté les portraits des
humanistes par Dürer, Jan Van Eyck ou Frans Hals, après la fracture de
l’Impressionnisme qui revendiqua une autonomie pour le peintre, l’artiste
moderne a pratiqué le portrait en dépassant l’objectif de l’expression du
modèle, pour aller au travers du sujet à la rencontre de son « moi intérieur»
et de ses propres intentions artistiques.
L’artiste s’est affranchi dans le même temps, des contraintes jusqu’alors
inhérente au portrait, celles fixées par les commanditaires, qui en attendaient
jadis non seulement une représentation flatteuse mais aussi la mise en scène
d’une position sociale grâce à un ensemble de signes parfaitement codifiés..
L’exposition a été conçue en cinq modules thématiques :
1. Les mystères d’une âme :
Sous ce titre, le cinéaste allemand G.W. Pabst réalisa un des premiers films de
fiction ayant pour sujet la psychanalyse en 1926. Entre la théorie
psychanalytique dans laquelle le rêve est conçu comme la voie royale
d’accession à l’inconscient, et d’autres sciences ou pseudosciences comme la
physiognomonie qui cherchèrent dans l’expression ou dans la morphologie du
visage les données objectives de la personnalité il y a au tournant du siècle
une convergence pour tenter de lire ce que l’homme considérait comme
l’effroyable partie de lui-même. Deux courants artistiques, le fauvisme et
l’expressionnisme se sont faits l’écho d’une subjectivité fragile de l’individu
: les cernes des yeux des femmes de Chabaud ou de Jawlensky, semblent la
métonymie de leur noirceur : femmes fatales ou anges déchus érigés
picturalement en idoles d’un nouveau monde urbain et électrique. La mélancolie
de Dédie, le regard bancal et difforme du groom de Soutine, l’effacement des
traits du visage chez Jacques Villon, Marc Chagall ou André Masson exacerbent
la présence quasi magique du monde intérieur du modèle.
2. Autoportraits
Leon Battista Alberti dans l’ouvrage De Pictura publié en 1435 évoquait à
propos de l’origine de la peinture, un « Narcisse », amoureux de son image.
L’artiste s’instrumentalise, utilise le miroir, pour reproduire trait pour
trait sa propre image spéculaire. Cependant dans cette quête de soi qui prend
la forme d’ une rencontre avec son image, beaucoup d’artistes reconnaissent la
difficulté d’un portrait introspectif : le moi est le modèle assurément le plus
complexe et le plus réfractaire à l’analyse. Beckmann dira : « … le Moi est le
plus grand secret du monde ; Je crois au Moi dans sa forme éternelle et
indestructible.» Cette difficulté inhérente à une quête introspective au
travers de l’auto-représentation alliée à la question du « double », engendre
pour chaque œuvre un manifeste métaphysique et pictural.
3. Le visage à l’épreuve du Formalisme
Nouvel homme ? Surhomme d’essence nietzschéenne ? L’isolement du visage du
reste du corps, la simplification de la morphologie humaine pour une forme sans
« accident morpholo-gique » éloigne la sculpture de l’image de l’enveloppe
extérieure du modèle. C’est l’affirmation d’un anti-mimétisme qui relève, chez
Constantin Brancusi, d’une conception platonicienne de la sculpture en tant
qu’Idée. Pour les cubistes, la référence au primitivisme du masque rituel ou
aux expressions archaïsantes du visage ont souvent été évoqués et les
représentations n’ont pas manqués de susciter révulsion du public qui y voyait
un outrage à ce qui fonde l’humain, voire même blasphématoire pour la partie de
l’homme que Dieu a créé à son image. La ressemblance, concept inhérent au
portrait semble devoir être définitivement écartée. Pourtant, si nous sommes
loin de l’exercice mimétique du trait pour trait, le processus d’analyse et de
synthèse de la physionomie du modèle par l’artiste permet non seulement une
grande expressivité mais souvent aussi la traduction en langage plastique de la
personnalité du modèle.
4. Chaos et désordres ou l’impossible permanence de l’être
Les œuvres réunies ici ont en commun une jubilation folle pour l’imperfection,
à l’exact op-posé des canons de la beauté parfaite, hérités du classicisme de
la Grèce antique.
Francis Bacon comme Alberto Giacometti élaborent des figures toujours au bord
de la rupture, de la déconstruction ou de la décomposition. « Effondrement de
l’être » écrira Jean Clair à propos de Boeckl, fracas du moi intérieur chez
Artaud, vision de la mort qui s’invite en permanence mais parfois plus que
d’autres, dans l’art du portrait. Dans le saisissant portrait de Caroline par
Giacometti, la miniaturisation de la tête qui semble à l’arrière-plan du plan
du corps, confère toute la puissance et l’autorité du modèle : « une petite
masse de vie, dure comme un galet, bourrée comme un œuf » écrira l’écrivain
Jean Genêt. L’universelle face humaine de Giacometti est aussi l’expression de
la lutte insensée de la vie.
5. Après la photographie
A la maturation progressive du portrait académique au terme de longues séances
de pose, la photographie a opposé au milieu du XIXe siècle, le miracle mais
peut-être aussi la dictature de l’instantané. Tirer le portrait signifie en
affirmer la fulgurance, garante de naturel et d’objectivité. Si la photographie
a plagié et reproduit les codes de la peinture, notamment dans le domaine du
portrait, la peinture a fait également un cheminement inverse mais symétrique :
empruntant le principe de la pose instantanée et improvisée (Cassandre,
Balthus), de point de fuite abaissé ou plongée (Beckmann, Derain tout à la fois
revendiquant une picturalité, celle de la pâte ou du motif (Marquet ou Derain).
En tant que dépassement de la photographie, la peinture du XXe siècle a réfuté
le principe d’objectivité au profit de l’affirmation d’une situation picturale.
Jean-Michel Bouhours
Le commissariat de l’exposition est assuré par Jean-Michel Bouhours,
Conservateur aux collections modernes, Centre Pompidou, Musée national d’art
moderne.
Le catalogue de l’exposition Portraits. Collections du Centre Pompidou
reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées.
Quando
10:00 - 21:00, todos los lunes, martes, miércoles, jueves, viernes, sábados, domingos
Dónde
Fundación Mapfre, Madrid