Les Lapirov passent à l'ouest

Les Lapirov passent à l'ouest

1993 / France / 90 min

doublage français

Réalisation : Jean-Luc léon

Image : Jean-Luc Léon, Eric Guichard

Son : Sylvie Faguer

Montage : Jean-Luc Léon, Antoine Fournier

Production : Album Productions, La Sept Arte, Channel 4

Distribution : Album Productions

« Nationalité juive » : c’est ce qu’indiquent les papiers de la famille

soviétique Lapirov. Ilya et son épouse Isabelle décident de faire de ce

stigmate une aubaine. Autorisés à émigrer alors que leur pays, sous Brejnev, ne

délivre pas de visa de sortie aux Russes, ils quittent l’URSS en 1981 avec leur

fils de neuf ans, Kiecha. Jean-Luc Léon filme cette épopée familiale ­­qui les

mène à Los Angeles via Vienne et Rome. Leur conquête de l’Ouest est filmée de

manière cocasse, mais jamais le film ne tombe dans la condescendance ; ainsi

quand Madame prend la vitrine d’un magasin de casseroles pour une exposition ou

s’étonne que le gobelet de coca-cola du McDonald’s soit jetable, ce sont tout

autant les mœurs de l’Ouest que celles de l’Est qui, en regard, sont

questionnées.

Quand, ayant économisé suffisamment d’argent, les Lapirov viennent rendre

visite à leur famille moscovite, dix ans ont passé et le système soviétique

s’effondre. Le petit garçon d’alors, un jeune homme désormais prénommé Ken, ne

sait plus comment flirter avec une Russe. Capitaliste en diable, il donne les

raisons de ses études de droit : « C’est beaucoup plus drôle de prendre de

l’argent aux riches qu’aux pauvres »… Bien que chronologique et fluide, le

montage du film tisse une série d’échos entre les peines de l’émigration et les

certitudes du retour éphémère : cette remarque du fils répond à une autre

séquence, cruelle, dans laquelle des Russes de Vienne auxquels les Lapirov

souhaitaient vendre leurs objets de valeur, ne leur en donnaient que quelques

shillings. Conte initiatique et comédie documentaire, Les Lapirov passent à

l’Ouest enregistre le passage d’une ère à l’autre à travers le quotidien d’une

famille qui n’a pas attendu l’Histoire.

Charlotte Garson