Celui par qui le scandale arrive

« Dans les années 50, l'œuvre de Vincente Minnelli ne faisait pas, loin s'en faut, l'unanimité. Ni dans la presse, ni même aux « Cahiers du cinéma ».

Longtemps, on se demanda s'il fallait l'inclure au palmarès des auteurs mis en avant par la politique du même nom : trop décoratif, trop frivole, pas assez profond. Aux « Cahiers », deux critiques prirent particulièrement en charge la défense de Minnelli : Jean Domarchi, et surtout Jean Douchet, dont les analyses demeurent essentielles pour toute approche du cinéma de Minnelli.

La présentation au Centre Pompidou de Celui par qui le scandale arrive (1959), complexe et magnifique histoire de filiation impossible enroulée autour d'un père indigne joué par Robert Mitchum, s'inscrit évidemment dans cette logique ; elle renouvelle l'attachement des « Cahiers » au cinéma de Minnelli.

Mais elle voudrait aussi, avec le recul du temps, profitant de l'avènement autour de cette année 1959 de ce qui fut appelée la modernité du cinéma, jeter un autre regard sur Celui par qui le scandale arrive. Quarante-cinq ans après, il est en effet possible de voir dans ce film, outre un sommet dans l'œuvre de Minnelli, une rupture avec ses films des années 50, l'amorce d'un cinéma détaché des seuls pouvoirs du rêve et de l'image en général. Une sorte de film abstrait ou mental, ouvert aux puissances de la pensée. » Emmanuel Burdeau

Celui par qui le scandale arrive / Home From the Hill de Vincente Minnelli

États-Unis / 1959 / 150' / coul. / vost français et allemand avec Robert Mitchum / Eleanor Parker / George Peppard / George Hamilton / Everett Sloane / Luana Patten / Anne Seymour

Riche et autoritaire propriétaire terrien au Texas, Wade Hunnicutt est repoussé par sa femme depuis qu'il a eu un fils, Rafe, d'une de ses maîtresses. Alors qu'il s'éprend d'une jeune femme, Theron, son fils légitime, apprend par sa mère que Rafe, par ailleurs son meilleur ami, n'est autre que son demi-frère.

Bouleversé par cette révélation, il demande à son père de reconnaître Rafe aussi comme son fils.

Projection présentée et suivie d'une discussion avec Emmanuel Burdeau, rédacteur en chef des « Cahiers du cinéma ».