Exposición / Museo
François Rouan
Travaux sur papier, 1965-1992
12 ene - 28 mar 1994
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Cette rétrospective, « François Rouan, Travaux sur papier 1965-1992 », présente une soixantaine d’œuvres, et tente de montrer la fonction du dessin en regard de la peinture chez Rouan. Entre les deux s'établit un jeu de miroir, de va-et-vient permanent, un transfert de l'un à l'autre qui nourrit tout son travail.
Face à l’impossibilité de peindre et en réponse au terrorisme de l’époque, Rouan réalise en 1967-68 de grands papiers collés très colorés, découpés ou tressés à la dimension du tableau. La surface « épidermique » de ces papiers, l’incrustation et la superposition de diverses couches surgiront à nouveau dans les peintures des années 90. Ces premiers travaux sur papier, par leur lumière et leurs couleurs, révèlent déjà le double héritage assumé de Matisse et de Picasso : la tension permanente dans son œuvre entre la couleur pure des papiers découpés, d’un côté ; la grille et les facettes cubistes, de l’autre.
La place du dessin dans l’œuvre de Rouan est particulièrement complexe. En effet, il n’est pas « premier », originel : ses premiers travaux sont des papiers découpés. Le dessin n’apparaît véritablement qu’en 1971, lors de son séjour à Rome. Il se juxtapose ou se superpose aux papiers découpés et tressés. Rouan détient en effet ce privilège d’être connu et reconnu par un signe distinctif : le tressage, intrication du dessous et du dessus, matérialisé par des bandes de papier ou de toile superposées, entrelacées, formant une mosaïque plus ou moins large de damiers et losanges. Procédé technique au départ, le tressage est devenu l’emblème et la métaphore de tout son travail artistique.
Comment le dessin peut-il apparaître, résister, se fondre, sur, sous et avec ces données particulières au support ? Le style très personnel des dessins de Rouan se caractérise par l’emploi systématique de hachures, points ou virgules, autant de signes d’une écriture illisible qui, par la discontinuité et la répétition, donnent une apparence tremblée, hésitante, aux figures créées.
Rouan continue à tresser certains dessins, et utilise parfois des supports très légers et fragiles, comme le papier Japon, qui est souvent complètement fondu dans la matière picturale. Dans les années 80, il systématise et développe les possibilités de ce type de dessin en se concentrant particulièrement sur l’étude du visage-masque. On trouve souvent des mains, des pieds, des têtes dans les œuvres de Rouan, comme si les seules extrémités étaient visibles. La présence insistante du crâne nous rappelle que le visage peint est toujours celui de la mort.
Pourtant, dans les toutes dernières peintures, de cet abîme sans fin incarné par la peinture surgit, fantomatique, une empreinte de corps phallique, flottante, blanche, laiteuse ou spermatique. La fusion tant attendue entre dessin et peinture, analyse et synthèse, forme et matière, semble enfin s’être opérée.
D'après Marie-Laure Bernadac in Dossier de presse
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