Debate / Encuentro
Question de cinéma - Syberberg / Paris / Nossendo
17 may 2003
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Dans les années 1970 et 1980, la découverte des films de Hans Jürgen Siberberg "Ludwig - Requiem pour un roi vierge", "Karl May - A la recherche du paradis perdu", "Hitler, un film d'Allemagne", ou "Parsifal" fut à chaque fois un événement considérable. Aujourd'hui, Nossendorf, sa maison natale est au coeur du site internet (www.Syberberg.de) qui témoigne de cette "mission oubliée".
Du 5 mai au 9 juin, les services Cinémas du Centre Pompidou proposent, en hommage à Hans Jürgen Syberberg une manifestation intitulée Syberberg/Paris/Nossendorf, ainsi déclinée : une exposition-installation au Forum -1, la publication d'un livre rassemblant de nombreux écrits inédits, une grande rétrospective de l'œuvre cinématographique depuis 1965 et enfin une rencontre avec le cinéaste.
Tout est comme la vision lucide d'un enfant aux yeux fermés et pleurant, dans la fêlure du monde, une grosse larme que nous voyons voler vers nous depuis le fond de l'univers.
Accepter cette incarnation de notre faute la plus profonde et ce portrait de notre grand deuil et ce renoncement au visage humain tel que nous l'entendons et, malgré tout, en accepter, même ici, le titre pour servir de devise aux trois films de la trilogie : à la recherche du paradis perdu, même ici ?
Hans Jürgen Syberberg
Dans les années 1970 et 1980, découvrir Ludwig - Requiem pour un roi vierge (1972), Karl May - A la recherche du paradis perdu (1974), Hitler, un film d'Allemagne (1977), ou Parsifal (1982) fut à chaque fois un événement considérable.
L'audace formelle, la radicalité du propos, l'utilisation des projections frontales dans les plans (ou encore des marionnettes) et la durée même des films inscrivaient Syberberg d'entrée de jeu dans une expérience et une aventure unique du cinéma européen. Les Cahiers du cinéma et en particulier Serge Daney virent dans cet art difficile et sans compromis l'exemplaire mise en place d'un cinéma du deuil : celui, pour Syberberg, de l'Allemagne, de son passé et de sa culture, de leur conflit, Ici, le mythe et l'ironie étaient requis dans la tentative de se mesurer à la figure politique. Et Syberberg n'aura de cesse d'interroger l'histoire allemande à l'aune justement d'une idée de "l'âme allemande" ; la musique, bien sûr, à travers Richard Wagner d'abord (et l'héritage douloureux inscrit à Bayreuth - voir le film confession de Winifred Wagner), Bach, Mozart et Beethoven ; la littérature et le théâtre, qui ont retenu toujours son attention, Kleist, Hölderlin, Nietzsche, Schnitzler (mais Joyce aussi) dont Syberberg mettra en scène les textes avec la comédienne Edith Clever. Il faut rappeler l'admiration de Syberberg pour Brecht, puis l 'amitié et le travail avec Schleef. Culture allemande donc martyrisée, bafouée, volée par le nazisme (Hitler est, entre autres figures, également un artiste raté) : ainsi, commentant ses films en 1978, il indiquait qu'il faut combattre Hitler avec pour armes, entre autres, Wagner et Mozart. Culture allemande bientôt engloutie, délitée dans les nécessités de la reconstruction de la RFA, et la modernité de "cette société sans joie".
Cette exigence a induit à la fois combats et batailles, sinon scandales, et, en même temps, créé les conditions du retour à l'enfance, dans "l'ultime silence de la mélancolie enfantine dans une larme étoilée avec la musique d'une fanfare de liberté au-dessus des montagnes".
Et, bientôt, les seuls moyens du cinéma n'ont plus suffi. Syberberg a choisi de complexifier et a eu recours aux installations : ainsi, de la Caverne de mémoire à la Documenta X à Kassel en 1997. L'installation proposée au Centre Pompidou - Nossendorf/Paris - a pour objet la réflexion sur la maison d'enfance en Poméranie, la propriété agricole familiale, en ruines mais retrouvée après la réunification et désormais mythifiée. Le monde ancien de la Prusse a disparu, mais c'est le devoir de l'art, dans son grand sérieux, de le prendre à nouveau en charge. Nossendorf est au cœur du site internet auquel se consacre aujourd'hui Syberberg, dispositif parmi les plus ambitieux qu'un artiste ait conçu et qui témoigne encore de cette "mission oubliée", la confrontation d'un vaste projet artistique avec l'histoire allemande et européenne.
Cette rencontre tentera de mieux approcher ces difficiles questions, qui parcourent la conscience européenne et font, pour cette raison même, de l'œuvre controversée de Syberberg une œuvre essentielle.
En présence de Hans Jûrgen Syberberg.
Avec la participation de Jean-Pierre Faye, Jean Narboni, Bernard Sobel, Jacques Spohr, Michael Werner.
Avec la collaboration du Goethe Institut et les Cinémas du Centre Pompidou
Quando
Desde 14:30