Il fare politica

II fare politica

1993 / Belgique, France / 57 min.

Réalisation, scénario et narration : Hugues Le Paige

Image : Michel Boulogne, Michel Rouserz, Denis Henon, Joël Marcipont, Baudoin

Saeremans, Franz Verhelst

Son : Thierry Feret, Michel Bailly, Ivan Geeraerts, René Henin, Claude Weyrich

Montage : France Duez

Mixage : Michel Goosens

Production : Dérives, Lapsus, Arte France, RTBF

Distribution : Lapsus

Devant les images du grand rassemblement du PC de Modène où, en 1977,

l’orchestre entonnait au pipeau l’Internationale, Vincenzo s’exclame, 27 ans

plus tard : « C’était il y a un siècle ! ». Revenant presque tous les deux ans

dans un village de la « Petite Russie », la Toscane rouge, Hugues Le Paige a su

filmer à la fois des individus et des membres d’un Parti bientôt dissous (il

perd son nom en 1990). Vincenzo, Carlo, Claudio et Fabiana prennent des chemins

différents face à cet effondrement symbolique, mais tous restent actifs. Les

victoires consécutives de Silvio Berlusconi maintiennent les consciences en

alerte. Le cinéaste, qui se donne pour défi de parcourir près de trente ans en

une heure et demie, filme à la fois les réactions actuelles des quatre amis

face à leur passé filmé et les détails non commentés de leur vie : le

compagnonnage de Carlo avec son père, le retour de Fabiana dans l’exploitation

agricole du sien, l’atelier de céramique de Vincenzo…

Pourtant, face à l’érosion du PC, ce n’est pas un repli attendu sur la maison

et la famille qui se produit. Il fare politica, l’action politique, revêt des

significations moins évidentes. Pour les anciens, l’engagement communiste

coulait de source : « C’est l’envie de pisser qui fait courir la vieille ! »,

résume l’un d’entre eux : « Quand on était jeunes, on luttait pour bouffer ».

Pour la génération des quatre camarades, il passe tantôt par une place au sein

du pouvoir local, tantôt par une présence prolixe à l’inénarrable Maison du

Peuple. Si, peu à peu, le film devient la seule occasion de retrouvaille des

quatre amis, c’est sans doute parce que Le Paige, endurant, partage en tant que

filmeur l’avis de Carlo, qui disait de son engagement : « Il est plus difficile

d’arrêter que de continuer »…

Charlotte Garson