Exposición / Museo
Bram Van Velde
19 oct 1989 - 7 ene 1990
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Bram (Abraham Gerardus) Van Velde (19 octobre 1895 à Zoeterwoude, près de Leyde - 28 décembre 1981 à Grimaud) est un peintre néerlandais.
Très jeune abandonné par son père, Van Velde connaît dans son enfance une misère terrible qui le marquera profondément. Très tôt initié à la peinture, il travaille dans une firme de peinture de décoration, tout en étudiant la peinture ancienne au Mauritshuis de La Haye. Il reçoit le soutien de la famille de collectionneurs Kramers, pour laquelle il travaille, et qui lui permet de voyager en Europe pour approfondir ses connaissances de la peinture. En 1922 il se rend à Munich ; la rencontre des peintres expressionnistes près de Brême est déterminante dans son orientation vers la peinture moderne. Van Velde s’installe ensuite à Paris, où il rencontre ses premiers succès et découvre les œuvres de Matisse et Picasso, et se lie d’amitié avec Samuel Beckett.
Les années 1930 sont pour lui difficiles : installé en Espagne avec sa première épouse qui décède très jeune, Van Velde connaît la guerre civile espagnole ; de retour en France, sa qualité de citoyen néerlandais rend son séjour compliqué. C’est au terme de cette période que l’artiste trouve son réel langage plastique. Mais, éprouvé par la terreur de la guerre, Van Velde cesse toute activité picturale de 1941 à 1945. Ses expositions après-guerre se soldent par des échecs.
Ce n’est que dans les années 1960, alors qu’il s’est installé à Genève, que l’artiste connaît une certaine reconnaissance et influence une partie des artistes de l’expressionnisme abstrait. Il retrouve la galerie d’Aimé Maeght en 1973, vingt ans après en avoir été congédié, et reçoit des commandes de peintures murales. Il décède en 1981 à Grimaud, près de Saint-Tropez, à l’âge de 86 ans.
Cette exposition est consacrée au peintre hollandais Bram Van Velde, cet artiste « maudit » des années 50 qui constitue aujourd’hui une référence et un modèle quasi-mythique pour un certain nombre de jeunes peintres.
Quatre-vingt-cinq huiles et gouaches retracent son évolution depuis ses débuts en Allemagne en 1922 jusqu’à sa mort en 1981. Ce parcours fait apparaître Bram Van Velde comme le seul artiste capable d’établir le lien entre l’Ecole de Paris et les expressionnistes abstraits américains. […]
Pour avoir vécu une aventure picturale totalement solitaire, sans partage, et d’une absolue sincérité, Bram Van Velde a été le témoin exemplaire de la tragédie d’une époque et du climat existentialiste de l’après-guerre. […] S’il doit sa reconnaissance à quelques amateurs éclairés, poètes et écrivains, son œuvre est restée longtemps confidentielle et proprement « invisible » à ses contemporains, à l’écart de l’abstraction lyrique, autant que de l’art informel.
Homme du Nord, il est, comme ses compatriotes de la Hollande du siècle d’or, infiniment sensible à la lumière dans ses « paysages-autoportraits » de 1922 où il rejoint l’expressionnisme de Munch.
A Paris, en 1924, il développe une série de « natures mortes à la fenêtre » à partir du schéma cubiste. Puis, sur la voie ouverte par Matisse et la confrontation avec le monde méditerranéen, il abandonne peu à peu sa vision réaliste et maltraite la composition picassienne, élaborée magistralement dans les trois grandes gouaches de 1939 réunies exceptionnellement ici. Cette tentative de substituer l’ordonnancement post-cubiste par la couleur est brutalement stoppée par la guerre, et ses recherches ne reprendront qu’à la fin des années 40.
Produisant peu, dix à douze toiles par an, Bram Van Velde, pendant près de trente ans, se soumet à un geste quasi automatique, de plus en plus ample, et s’abandonne à un pinceau qui dessine, sans profondeur ni relief, des formes en décomposition jusqu’à leur effondrement et leur effacement. La structure formelle préalablement établie se dissout peu à peu dans des voiles de matière, plus ou moins opaques, aux tons rompus qui mettent en évidence l’aplat de la couleur dans son étendue et donnent un ton particulier à la lumière du tableau. […] Bram van Velde traite de la limite entre peinture abstraite et peinture figurative, renouvelant la problématique de la figure […]. L’image paraît ainsi abolie, le pinceau traduisant sur la toile ni un fragment de réalité ni une vision intérieure, mais faisant de « chaque tableau un autoportrait », comme Bram Van Velde aimait à le dire, la figure voilée se dérobe au spectateur ou ne se révèle que d’un œil.
D’après Claire Stoulig, Le Magazine, n° 53, 15 septembre-15 novembre 1989
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