Debate / Encuentro
Rencontre avec Raimund Hoghe
02 feb 2005
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Quand d'autres travaillent le plateau et cherchent son annexion, Hoghe s'y dépose et se récupère, toujours au bord de la disparition. C'est ce double mouvement qui définit le geste chorégraphique intime d'un artiste à l'origine du renouveau de la représentation théâtrale. Rencontre accompagnée d'extraits de films et animée par Laurent Goumarre.
"C'est en 1994 que Raimund Hoghe monte pour la première fois sur la scène, jette « son corps dans la bataille » comme il aime le préciser, paraphrasant la formule de Pasolini. La formule est juste pour cet homme qui commença sa carrière en écrivant des portraits de célébrités et d'humbles inconnus pour l'hebdomadaire allemand Die Zeit et fut le dramaturge des plus belles années de Pina Bausch entre 1980-1990 : alors que le paysage chorégraphique européen de la fin des années 80 est menacé par une standardisation des corps et de l'écriture spectaculaire, Raimund Hoghe s'expose en solo, éclaire la bosse qui tord son dos et les idées reçues sur les limites de la danse, et compose une écriture dramaturgique au bord de l'intime.
Dix ans plus tard, la même exigence politique et esthétique règle ses spectacles qui alignent une succession de gestes énigmatiques dont il faut préserver le secret puisqu'ils entretiennent des liens intimes avec un cortège de chansons, d'airs classiques. Plongés dans une douce obscurité, Hoghe et ses invités, les 12 jeunes interprètes de Young people Old voices (2003) répondent aux chansons de leurs aînés, des chansons comme toujours délivrées dans leur intégralité, dont il faut écouter les paroles, car depuis François Truffaut dans La Femme d'à côté, on sait que ce sont elles qui disent la vérité. Les mouvements sont simples, répétés en divers points de la scène jusqu'à former un acte dansé chargé d'une dimension rituelle qui emporte le duo que Hoghe forme avec le benjamin Lorenzo de Brabendere sur la musique de Stravinsky dans Sacre, The Rite of Spring (2004).
Or si cette forme du rituel se superpose ici au déroulement du spectacle, c'est peut-être bien parce qu'elle est par nature impersonnelle. Elle est cette forme sans auteur, dont la validité est garantie par l'histoire de sa transmission, juste un cadre anonyme qu'on peut habiter sans se sentir propriétaire. Aussi Raimund Hoghe et ses jeunes complices marchent-ils beaucoup sur scène, s'assoient, se couchent en de multiples points sans pour autant chercher à occuper l'espace. Quand d'autres travaillent le plateau et cherchent son annexion, Hoghe s'y dépose et se récupère, toujours au bord de la disparition. C'est ce double mouvement qui définit le geste chorégraphique intime d'un artiste à l'origine du renouveau de la représentation théâtrale." Laurent Goumarre.
Rencontre accompagnée d'extraits de films et animée par Laurent Goumarre. Traduction simultanée.
Quando
Desde 19:30