Debate / Encuentro
Joan Miró
"Danseuse espagnole", 1928
05 dic 2004
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Ces conférences sont l'occasion de porter une attention particulière à l'histoire et à l'analyse d'une oeuvre, choisie dans les collections du Musée national d'art moderne.
Joan Miró, Portrait d'une danseuse, 1928.
Liège, plume, métal sur carton peint
100 x 80 cm
Don de Mme Aube Breton-Elléouët
Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle
Qu'est-ce que "Portrait d'une danseuse", conçu et réalisé par Miró entre la fin de l'hiver 1927 et le printemps 1928, entré aussitôt dans la collection d'André Breton et demeuré auprès de lui sa vie durant, généreusement donné par sa fille Aube au Musée national d'art moderne en 2003 ? Pas une peinture, pas une sculpture, pas un collage, pas un dessin, - rien ? Disons presque rien, l'agencement d'une plume, d'un bouchon et d'une monumentale épingle à chapeau sur un panneau de bois peint en blanc au ripolin.
Faut-il alors penser à cet "assassinat de la peinture" et, au-delà, de l'oeuvre en tant que telle, auquel se plaisait à rêver Miró dans ces mois mêmes ? Sans doute, mais à condition qu'aussitôt la question rebondisse, se fragmente, et d'abord parce que tant d'élégance dans ce minime agencement, une sorte de sourire aussi bien, ne se laissent pas réduire à la seule esthétique du saccage sauvage. Puis vient la constatation que ce mot même, "danseuse ", agissait depuis déjà longtemps dans l'esprit de l'artiste et qu'il allait continuer de le faire au-delà de la si singulière série de constructions portant ce titre en 1928. Un absurde cliché érotique - exotique, usé jusqu'à la corde, celui de la danseuse espagnole, le voici étrangement, délicieusement, durement retourné contre lui-même et révélant du coup des abîmes que d'autres au même moment, anthropologues du sacré, exploraient aussi à leur manière.
R.L.
Rémi Labrusse a récemment publié : "Miró, un feu dans les ruines", éditions Hazan, 2004. Il a également contribué au catalogue de l'exposition "Joan Miró, 1917-1934", présentée au Centre Pompidou, printemps 2004.
Joan Miró, "Portrait d'une danseuse", 1928.
Don de Mme Aube Breton-Elléouët
Par Rémi Labrusse, professeur d'histoire de l'art à l'Université de Picardie,
Amiens.
Qu'est-ce que "Portrait d'une danseuse", conçu et réalisé par Miró entre la fin
de l'hiver 1927 et le printemps 1928, entré aussitôt dans la collection d'André
Breton et demeuré auprès de lui sa vie durant, généreusement donné par sa fille
Aube au Musée national d'art moderne en 2003 ? Pas une peinture, pas une
sculpture, pas un collage, pas un dessin, - rien ? Disons presque rien,
l'agencement d'une plume, d'un bouchon et d'une monumentale épingle à chapeau
sur un panneau de bois peint en blanc au ripolin.
Faut-il alors penser à cet "assassinat de la peinture" et, au-delà, de l'oeuvre
en tant que telle, auquel se plaisait à rêver Miró dans ces mois mêmes ? Sans
doute, mais à condition qu'aussitôt la question rebondisse, se fragmente, et
d'abord parce que tant d'élégance dans ce minime agencement, une sorte de
sourire aussi bien, ne se laissent pas réduire à la seule esthétique du saccage
sauvage. Puis vient la constatation que ce mot même, "danseuse ", agissait
depuis déjà longtemps dans l'esprit de l'artiste et qu'il allait continuer de
le faire au-delà de la si singulière série de constructions portant ce titre en
1928. Un absurde cliché érotique - exotique, usé jusqu'à la corde, celui de la
danseuse espagnole, le voici étrangement, délicieusement, durement retourné
contre lui-même et révélant du coup des abîmes que d'autres au même moment,
anthropologues du sacré, exploraient aussi à leur manière.
R.L.
Rémi Labrusse a récemment publié : "Miró, un feu dans les ruines", éditions
Hazan, 2004. Il a également contribué au catalogue de l'exposition "Joan Miró,
1917-1934", présentée au Centre Pompidou, printemps 2004.
Quando
Desde 11:30