Debate / Encuentro
Où va le cinéma ?
Cinéma et politique. Grand témoin, Jacques Rancière
03 dic 2009
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Rencontre Rabah Ameur-Zaïmeche avec Elia Suleiman.
Rabah Ameur-Zaiemeche
Né en Algérie, Rabah Ameur-Zaïmeche arrive en France en 1968 au moment de la deuxième grande vague d'immigration algérienne. Il a grandi dans la cité des Bosquets à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Après des études en sciences humaines, il fonde en 1999 la société Sarrazink Productions et réalise en 2001 son premier long-métrage Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ?. Ce premier film remporte le prix de Léo Sheer. Pour ce projet, le réalisateur fait tout lui-même, du scénario à l'interprétation et produit ce film avec ses propres fonds. En 2006, son deuxième film Bled number one est sélectionné dans la catégorie "Un certain regard" et a reçu le prix de la jeunesse au festival de Cannes. En 2008, il réalise Dernier maquis qui est sélectionné au Festival de Cannes 2008 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Il ne joue que dans ses propres films.
Rabah Ameur-Zaiemeche est un auteur à part entière puisqu'il écrit, produit, réalise, monte ses propres films - dont il est aussi l'interprète - dans son atelier de Montreuil.
Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ?, son premier film, en 2001 (Prix Léo-Scheer à Belfort), était apparu comme une sorte d'anti- La Haine, le film de Mathieu Kassovitz qui avait triomphé quelques années plus tôt au box-office. Loin des clichés sur la banlieue et de tout manichéisme, Zaimeche, qui a grandi à Montfermeil, décrit un quartier de manière impressionniste et quasi documentaire, sans a priori, constatant sans jamais juger, montrant sans démontrer. Il donnait aussi naissance à un personnage, celui de Kamel (...). On retrouve Kamel dans le deuxième film de Rabah Ameur-Zaimeche, Bled Number One (présenté à Un certain regard en 2006). Cette fois-ci, il a de nouveau été obligé de retourner au bled Là encore, le cinéaste décrit la violence faite aux femmes, l'islamisme, mais aussi la douceur et les difficultés de la vie quotidienne, la beauté et la rudesse des paysages d'Afrique du Nord, sans angélisme et sans provocation facile. Plus ouvertement politique, il transforme, dans Dernier maquis (Quinzaine des réalisateurs 2008), le portrait d'une petite entreprise de palettes en une réflexion sur la place du religieux dans le monde du travail et dans notre société capitaliste.
J.-B. Morain
Elia Suleiman
Elia Suleiman, né le 28 juillet 1960 à Nazareth, est un réalisateur, scénariste et acteur palestinien. Il est surtout connu pour son film sorti en 2002, Intervention divine (arabe : Yad Ilahiyya), une comédie tragique moderne sur la vie quotidienne dans les territoires palestiniens qui remporta en 2002 le prix du jury au festival de Cannes. Souvent comparé à Tati ou Keaton, Elia Suleiman manie le burlesque et la gravité avec le même sens poétique.
Né et élevé à Nazareth, Elia Suleiman est un "Arabe israélien", à la fois Palestinien et citoyen de l'Etat hébreu, dehors et dedans.
Il est également issu d'une famille chrétienne, étant lui-même plus volontiers laïc que croyant fervent. Il faut connaître ces données biographiques pour saisir quelque chose du cinéma de Suleiman et comprendre à quel point il s'est construit sur un emboîtement de décalages et de conditions minoritaires. Le cinéaste est avant tout un individualiste farouche, à la fois solidaire des luttes palestiniennes et réfractaire à tout embrigadement dans une communauté ou catégorie, quelle qu'elle soit. (...) Elia Suleiman se vit, se voit et se projette comme un homme libre et c'est cette liberté qui caractérise le mieux son cinéma. (...) Le cinéaste aborde la situation conflictuelle de sa région par le biais de l'intime, préférant partir du concret de son vécu, de son quotidien, de ses proches, plutôt que de l'abstraction des grandes idées politiques. Il a toujours eu également le souci de la forme, privilégiant le plan fixe et le cadrage soigneusement composé, insistant sur le burlesque des corps pour mieux souligner le tragique des situations, travaillant les motifs de l'absence et de la disparition comme métaphore tant politique que cinématographique. N'oublions pas l'humour, y compris sur luimême et son peuple, ingrédient essentiel qui fait de Suleiman un lointain descendant de Tati, l'incarnation arabe du fameux "humour juif". (...)
S. Kaganski
Quando
Desde 18:30