Bernard Bazile

L’exposition monographique "It’s okay to say no!" du prolixe et multiforme Bernard Bazile présente des sérigraphies, des vidéos, des tableaux vivants, des photographies à travers des séquences au caractère discontinu, opérant une synthèse, une sorte d'alliance entre le social et l'histoire de l'art proprement dite.

On y rencontre ainsi :

- une boîte de Merda d’artista (1961) de Piero Manzoni ouverte par Bernard Bazile et placée face à un mur recouvert de coupures de presse témoignant des réactions à l’exposition rétrospective de Manzoni à Rome en 1971 ;

- la représentation d’une fellation en surimpression sur un tableau de Boucher, prétexte au jeu de mot du titre L’Odeur de la pipe ;

- des tableaux en moquette reproduisant des livres pour enfants intitulés It’s O .K. to say no! ;

- des femmes nues vivantes allongées sur les peaux de bêtes de Mel Ramos des années 70 ;

- une installation vidéo intitulée Les Chefs d’état, en projection simultanée sur quatre écrans et diffusant des images de dirigeants politiques (de Hitler à Mitterrand, en passant par Gandhi et Clinton) filmés dans leur quotidien ou des attitudes banales et communes.

« L’art n’existe, dit l’artiste, que quand il est réinvesti ». Volontairement en retrait, derrière le processus qu'il engendre, Bazile en fait même disparaître sa signature, portant toute son attention à leur construction.

Le mauvais goût, telle une nouvelle catégorie de l'art, accompagne ce dispositif visuel [...]. Dans son aspect érotique et paillard, il n'en constitue pas moins une fine analyse du visible.

Bazile est un artiste libre et un esprit provocant. Tel un moraliste, il porte un regard lucide sur son propre temps, en propose une sorte de vision accélérée.

D'après Jean-Pierre Bordaz, "Bernard Bazile. Les privilèges de la vision" in Le Magazine, n°73, 15 janvier-15 mars 1993, pp. 12-13 ; et "Entretien avec Catherine Millet", Artpress, n°241, décembre 1998.