Philippe Mangeot - L'Observatoire des Passions #6

Philippe Mangeot, intellectuel invité de l’année au Centre Pompidou, poursuit son atelier des passions contemporaines, qui prend la forme d’une discussion collective. Il invite des chercheurs dans différentes disciplines (histoire, science politique, philosophie ou psychanalyse) à questionner la place occupée par l'objet « passion », et à envisager cette nouvelle archive des passions qu'est l'internet.

Peut-on dresser un état des lieux des passions contemporaines, à une époque où le Net en offre à la fois une archive et un terrain d'exercice ? Peut-on s'inspirer de la forme, héritée de l'âge classique, du « Traité des passions » pour composer aujourd'hui des fragments d'un discours passionnel ?

Ces questions, Philippe Mangeot les pose et les travaille avec ses invités dans le cadre des séances mensuelles de l’Observatoire des passions qu’il tient au Centre Pompidou depuis le début de l’année 2018.

À l'occasion du sixième numéro de ce magazine parlé, il recevra :

Mathieu Potte-Bonneville, philosophe, aujourd’hui responsable du pôle « Idées et Savoirs » à l’Institut français… et l’un des plus brillants tweeters des réseaux francophones.

On discutera avec lui de la passion actuelle du commentaire, à laquelle il contribue. On le questionnera sur la griserie, sensible à la lecture, qu’il titre de la production de formes brèves et discontinues. On enquêtera sur le plaisir qu’il éprouve à voir immédiatement évaluée, commentée et sanctionnée une pensée nouée dans un art de la formule, au gré de la construction d’une œuvre qui, pour être mineure, est sans doute bien plus lue que ses ouvrages philosophiques.

Emmanuelle Cosse, qui fut notamment présidente d’Act Up-Paris, vice-présidente du Conseil Régional d’Île de France, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, puis ministre du Logement entre 2016 et 2017.

Avec elle, on interrogera les formes de la passion politique qui l’a conduite à passer du militantisme non-gouvernemental aux lieux du pouvoir exécutif – non sans susciter des incompréhensions elles-mêmes passionnelles dans les groupes dont elle était issue. On s’attardera notamment sur la frontière ambiguë entre passion de pouvoir et passion du pouvoir. On réfléchira aussi sur la distance qu’elle dit avoir prise avec la politique depuis la fin du mandat Hollande : peut-on mettre un terme à une passion ?

Jean Goldzink, spécialiste de la littérature française du XVIIIe siècle, dont les cours et les séminaires, à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud-Fontenay puis de Lyon, ont contribué à la formation de plusieurs générations d’enseignants et de chercheurs. Depuis des années, Jean Goldzink aime à dire qu’un personnage fictionnel à l’âge classique ne peut se comprendre qu’à la condition d’envisager les passions qui le meuvent et le définissent. De cette conviction, il vient de faire un livre, à paraître l’an prochain. On verra avec lui dans quelle mesure l’anthropologie classique des passions qu’il met à jour dans les romans qu’il commente peut éclairer, sinon comprendre, le fonctionnement des passions contemporaines.

Enfin, le journaliste Xavier de La Porte poursuivra la chronique du web passionnel qu’il tient depuis l’ouverture de l’Observatoire.