Debate / Encuentro
Philippe Raynaud
"Les limites de l'intégration libérale"
06 abr 2006
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Le malaise actuel n'est il qu'un des nombreux avatars de l'insatisfaction inhérente aux régimes représentatifs ou oblige -t-il à penser une nouvelle étape historique des régimes démocratiques ? Ce triomphe paradoxal du libéralisme est-il une des sources du malaise de la démocratie ?
« Perdu dans la multitude, l'individu n'aperçoit jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne s'empreint sur l'ensemble ; rien ne constate à ses propres yeux sa coopération ».
Benjamin Constant : De la liberté des anciens comparée à celle des modernes. Discours prononcé à l'Athénée royal de Paris en 1819.
A l'article « Libéralisme » du Dictionnaire de philosophie politique, Philippe Raynaud débute par ce constat :
« Longtemps considéré comme une philosophie aux vues assez courtes, le libéralisme a connu dans la deuxième moitié du 20e siècle un remarquable renouveau. Ce regain d'intérêt pour une doctrine qui passait naguère pour la traduction des aspirations de la ''bourgeoisie'' est d'abord dû à l'épuisement des mouvements politiques et idéologiques qui prétendaient proposer en Occident une alternative globale à la société née à la fin du 18e siècle. Il existe encore des courants ''réactionnaires et ''radicaux'', mais ils ne promettent plus une société essentiellement autre ».
Et il poursuit : « Mais le projet politique des libéraux n'a triomphé que grâce à l'extension universelle et multiforme d'un principe qui est à la fois plus puissant et plus vague que ceux de la théorie libérale. Ce qui définit la démocratie moderne, en effet, c'est qu'elle étend à toutes les relations sociales les exigences d'indépendance, d'autonomie ou d'égalité dont les libéraux avaient cherché à déterminer la portée : de là découle le paradoxe permanent qui est celui du libéralisme dans le monde contemporain : la démocratie n'a d'autres principes positifs que ceux des libéraux, mais ceux-ci semblent incarner une opinion particulière, souvent perçue comme timide ».
Deux interrogations se présentent à l'esprit : le malaise actuel n'est il qu'un des nombreux avatars de l'insatisfaction inhérente aux régimes représentatifs ou oblige -t-il à penser une nouvelle étape historique des régimes démocratiques? Ce triomphe paradoxal du libéralisme est-il une des sources du malaise de la démocratie ?
Philippe Raynaud, professeur à l'université Paris II. Dernier ouvrage paru : nouvelle édition du Dictionnaire de philosophie politique (avec Stéphane Rials) PUF 1996, 2005.
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