Debate / Encuentro
Hans Bellmer
La poupée, 1933-1945
05 mar 2006
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La Poupée, 1932-1945
Par Paul Ardenne, théoricien et critique d'art, maître de conférences en histoire de l'art et esthétique à l'université d'Amiens.
En relation avec l'exposition Hans Bellmer.
Hans Bellmer, La Poupée, 1934
Par Paul Ardenne, historien de l’art (Faculté des arts, Amiens)
Cette conférence accompagne l’exposition Hans Bellmer, Anatomie du désir, présentée au Centre Pompidou du 1er mars au 22 mai 2006.
Dans l’importante production de mannequins et de poupées artistiques qu’enregistre l’entre-deux-guerres, la Poupée d’Hans Bellmer occupe une place singulière. Fascinant, énigmatique, immédiatement adopté par les surréalistes, l’objet fétiche que met au point Bellmer est d’abord un travail obstiné d’ingénieur, une reconstruction physique particulièrement élaborée. Plus encore : cette « fille artificielle », automate mais également sculpture, modèle pour la photographie mais aussi objet transitionnel servant d’énigmatiques mises en scène où l’artiste s’insinue à l’occasion, joue clairement le rôle d’une figure oppressive, entêtante. Bellmer n’en use jamais gratuitement : la Poupée ou l’expérience érotique du substitut torturé-torturant.
L’analyse de la Poupée, par extension, fournit l’occasion de réinterroger le rapport de Hans Bellmer au corps féminin représenté. Un corps magnétique, violenté mais plus autonome pourtant que ne le laissent imaginer les mises en scène de soumission que lui inflige l’artiste avec une rare intensité sadique.
La scène bellmérienne, celle de l’éternel féminin obsessionnel, indispensable et indomptable, pourrait bien être en bout de course l’aveu d’une tentative malheureuse, celle de la domination. Il n'y a pas extorsion totale du corps de la femme, serait-il réduit à la figure indéfiniment manipulable d’une Poupée servile et de ses avatars ultérieurs couchés sur le papier.
Le « principe de perversion » (Pierre Dourthe) actif chez Hans Bellmer n’atteint que partiellement son but, la mise à disposition de la figure, et son aliénation. Restent la mécanique complexe des échanges, le désir en ses guerres interminables, l’amour même, en somme.
Références bibliographiques
Pierre Dourthe, Bellmer, Le principe de perversion, Jean-Pierre Faur, 1999.
Fabrice Flahutez, Catalogue raisonné des estampes de Hans Bellmer, Doubleff, 1999.
Céline Masson, La fabrique de la Poupée chez Hans Bellmer, L’Harmattan, 2000.
Sue Taylor, Hans Bellmer. The Anatomy of Anxiety, M.I.T. Press, 2000.
Paul Ardenne
Collaborateur, entre autres, de la revue Art press, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs ouvrages ayant trait à l’esthétique actuelle : Art, l’âge contemporain (1997), L’Art dans son moment politique (2000), L’Image Corps (2001), Un Art contextuel (2002), Portraiturés (2003), outre diverses monographies d’architectes et un essai sur l’urbanité contemporaine, Terre habitée (2005).
Prochaine publication : Extrême - Esthétiques de la limite dépassée (Flammarion, sept. 2006).
Quando
Desde 11:30