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Paris-Delhi-Bombay.../ Des ascètes et des dieux
15 jun 2011
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Dans un style baroque, les deux cinéastes analysent l'Inde à travers les filtres des mythes et des traditions.
Dans un style baroque, les deux cinéastes analysent l'Inde à travers les filtres des mythes et des traditions. Amit Dutta (né en 1977) suit un ascète dans sa déambulation matinale, alors qu'il se raconte à lui-même l'histoire rêvée de son village, mêlant mythes, folklore et réalité.
Ashish Avikunthak (né en 1972) s'intéresse aux rituels qui accompagnent le culte de la déesse-mère Kali (Kalighat Athikatha), ainsi que celui de Ganesh, dieu protecteur (Vakratunda Sawha).
Kramasha d'Amit Dutta, 2007, 22', vosa / Kalighat Athikatha, d'Ashish Avikunthak, 1999, 22', sans parole
Vakratunda Sawha d'Ashish Avikunthak, 2010, 21', sans parole
Ashish Avikunthak
Né en 1972 à Jabalpur (Madhya Pradesh), vit et travaille dans le Connecticut (Etats-Unis).
Filmographie
1997 Et Cetera / 16mm
1999 Kalighat Fetish (Kalighat Athikatha) / 16mm
2001 Rummaging for Pasts / dv
2002 Performing Death / dv
2002 Dancing Othello (Brihnnlala Ki Khelkali) / 16mm
2005 End Note (Antaral) / 16mm
2007 Shadows Formless (Nirakar Chhaya) / 35mm
2010 Vakratunda Swaha / 35mm
Bibliographie
Amrit Gangar, « In conversation with Ashish Avikunthak", Cinema of Prayoga : Indian Experimental Films 1913-2006, sous la direction de Brad Butler et Karen Mirza, Londres, no.w. here, 2006
Ashish Avikuthak
Enfant, Ashish Avikunthak était intrigué par les sacrifices qui avaient lieu durant les cérémonies religieuses, dans le temple de Kalighat, près de chez lui à Calcutta. « J'ai vu pour la première fois le sacrifice d'un bœuf, alors que j'étais venu au temple pour les fêtes de Kali Puja. J'avais 6 ou 7 ans, et cela m'a tout à la fois fasciné et horrifié. » Plus tard, il a été confronté à la mort plus intimement, lorsqu'il travaillait à Nirmal Hriday, une maison pour les mourants, proche du Kalighat. Par ailleurs, il a une double formation de sociologue et d'anthropologue, ayant suivi des études à l'université de Bombay et à celle de Stanford (Palo Alto, Californie). Ses films, qui se situent au croisement de l'archéologie, de l'anthropologie et du cinéma, sont le fruit de ses observations, de ses expériences et de ses études.
Comme le fait remarquer Amrit Gangar, Ashish Avikunthak, dans ses films, « s'est concentré sur des pratiques rituelles spécifiques et a étudié leur gestuelle à partir de l'étymologie de leurs noms, à l'intérieur d'un cadre anthopologico-cinématographique. » Gangar propose, pour Avikunthak, le terme de « cinématographie 'figurative' » et pense que « la performance et le rituel jouent un rôle significatif » dans ces films quand « ils font référence à l'histoire et à l'anthropologie et qu'ils mettent en œuvre le rituel, le mythe et le temps. Et le moi. » En effet, l'aspect anthropologique qui prédomine dans le travail d'Avikunthak va de pair avec un questionnement existentiel incessant, qu'il aborde principalement à travers des représentations de rituels avec ce qu'elles incluent de violence et de morbidité. Comme il le dit, « Kalighat Fetish/Kalighat Athikatha est la contemplation de deux idées : la transgression et la morbidité. Elles sont liées par l'acte de transformation, menant à la mort. Elles font partie du même acte de vénération et d'angoisse. »
Eléments rituels et sacrificiels, réflexions sur la vie et la mort, se retrouvent également au cœur de Vakratunda Swaha, un film qui aborde non seulement les cérémonies d'offrande au dieu indien Ganesh, mais aussi la mort réelle : le jeune homme (un ami de l'artiste) qui apparaît au début du film s'est suicidé quelque temps après le tournage. Le culte de Ganesh (connu pour sa « malléabilité spatiale et temporelle, géographique et historique ») implique la métamorphose, la transformation, la transgression et la régénération. Telles sont les significations contenues dans la scène d'ouverture où l'on voit le jeune homme immergeant la statuette de la divinité dans l'eau - selon un rituel de vénération - le dixième et dernier jour d'immersion lors des fêtes de Ganesh à Mumbai. De tels parallèles entre des actes rituels, touchant à la performance, et le cycle réel mort/vie fait du film un « hybride », pour emprunter à Gangar sa formulation. Et, selon lui, « Vakratunda Swaha semble hybride également parce qu'il affine l'anthropologie, l'archéologie et la cinématographie - l'anthropologie en contextualisant Ganesh, l'archéologie en façonnant les paysages et les ruines de la mémoire et du mythe, et la cinématographie en temporalisant l'espace et en spatialisant le temps. »
Ces différents éléments, combinés dans Vakratunda Swaha, donnent au film un pouvoir de provocation particulier à l'œuvre du cinéaste, le pouvoir de « creuser plus profondément dans des associations éloignées les unes des autres : à la fois mythiques, métaphysiques, métaphoriques et triviales. »
Sylvie Lin
Sources :
Amrit Gangar, Vakratunda Svh: Transplantations. In Transcendence (première publication : Gallery Chatterjee & Lal, Mumbai) Amrit Gangar, « In Conversation with Ashish Avikunthak », Cinema of Prayoga. No.where publication, 2006, Londres
Amit Dutta
Né en 1977 dans la région de Jammu (Jammu-et-Cachemire), vit et travaille en Inde.
Filmographie sélective
2005 Ramkhind / dv
2007 To Be Continued (Kramasha)/ 35mm
2010 Nainsukh / 16mm
Quando
Desde 19:00