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Jérusalem / Bondy Nord, c'est pas la peine qu'on pleure
13 nov 2017
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Tandis que jusque-là Patrice Chagnard travaillait avec une équipe - un chef opérateur et un ingénieur du son – il se prête, dans le cadre d’une série documentaire diffusée sur Arte, à l’exercice de filmer seul. Selon le principe de la série, le cinéaste avec sa caméra-stylo rend compte de ses impressions de voyage. Patrice Chagnard choisit trois villes, Istanbul, Katmandou et enfin Jérusalem. Le cinéaste s’exerce à un cinéma « sans filtre », dans un rapport frontal à ce qu’il filme, et la présence d’un « je » assumé.
Dans Jérusalem cette expérience nouvelle est aussi une confrontation avec la violence, la violence intrinsèque à la ville, la violence aussi de l’autre qui ne veut pas du champ cinématographique. L’espace entre le filmeur et le filmé devient le lieu d’un affrontement, non plus celui de l’empathie comme dans les films précédents du cinéaste. Le film est alors un corps-à-corps provoqué par le cinéaste. En prenant la caméra, plus encore qu’en prenant la parole à la première personne, Patrice se dévoile en tant qu’acteur de son propre film.
Dès ses débuts, Claudine Bories est présente dans ses films de manière affirmée. C’est elle qui interpelle, interroge, fait advenir la parole, dans une relation directe, immédiate à « ses » personnages.
Dans Bondy Nord, c’est pas la peine qu’on pleure, elle devient elle-même personnage de son film, entrant dans le cadre au milieu de ses protagonistes dont elle est « la frangine », participant avec eux d’une même énergie à croire en la vie, la solidarité, le combat. Le monde ouvrier que Claudine s’attache à rendre visible dans ce film de 1993 n’est pas encore disloqué, il réunit le peuple quelle que soit son origine. Il est loin du pouvoir culturel, économique et politique, mais il est rassemblé, dans un même corps social. Et pour Claudine le cinéma est le lieu de son incarnation peut-être plus encore que de sa représentation.
Jérusalem et Bondy Nord ont tous les deux quelque chose d’excessif, de baroque dans la manière dont par leurs corps, les cinéastes mettent en scène, entrent en scène et revendiquent avec force leur interaction avec ce qu’ils choisissent de filmer.
Patrice Chagnard, Jérusalem, 1999, France, 48'
Claudine Bories, Bondy Nord, c'est pas la peine qu'on pleure, 1993, France, 52
Festival de Marseille, Lussas, 1993
Quando
20:00 - 22:00