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Le théâtre des opérations
Bernard Eisenschitz : une histoire fragmentaire du cinéma
07 dic 2009
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The Silent Village, Humphrey Jennings, 1943, 36' - L'Ambassade, Chris Marker, 1973, 21'
The Silent Village, Humphrey Jennings, 1943, 36'
L'Ambassade, Chris Marker, 1973, 21'
Au moment d'un choc de l'histoire, le cinéaste peut être tenté de faire un détour par la mise en scène, terme emprunté au théâtre. Et de se demander « ce qui se passerait si », définition de l'uchronie. Ce n'est pas une raison pour renoncer à ses règles de conduite. Par exemple: deux cinéastes souvent étiquetés comme « du réel », qui n'ont cessé de dissoudre les frontières entre fiction et documentaire.
Le village de Lidice, en Tchécoslovaquie, a été exterminé et rasé le 10 juin 1942 en représailles à l'attentat contre le ReichsprotektorHeydrich. A Hollywood, Douglas Sirk en tire un film, Hitler's Madman. Le Britannique Humphrey Jennings, peintre surréaliste devenu réalisateur au service du gouvernement, situe l'action de The Silent Village en Grande-Bretagne occupée, allant tourner dans un village minier du pays de Galles. Il y découvre des habitants, écrit-il, « qui agissent tout naturellement, jour après jour, selon les principes d'honnêteté chrétienne et communiste ». Jusque dans les moments de fiction, l'essentiel est composé des gestes quotidiens d'une communauté : reconstitution et avertissement à la fois. Quel meilleur hommage rendre aux victimes que d'alerter, de répéter que cela pourrait arriver ici, de ne pas feindre « de croire que tout cela est d'un seul temps et d'un seul pays » ?
Lors du 11 septembre - celui du Chili, le putsch militaire en 1973 -, Chris Marker procède de manière comparable, essayant une nouvelle caméra. C'est du format que naît la forme. Selon l'intertitre initial, « un film en super-8 mm trouvé dans une ambassade », et Jean-André Fieschi ajoute: « qui vient documenter, de l'intérieur, l'histoire en train de se faire, de se vivre, dans son tremblé même. »
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Desde 19:30