Célébrations !

Metacartoons retrace la carrière incroyable de Walt Disney, chef de file incontesté de l’âge d’or du cinéma d’animation. Objets de fascination et d’admiration pour les artistes comme pour les théoriciens des images, ses productions sont sans cesse soumises à des relectures qui en explorent les caractéristiques formelles (qui recoupent celles des avant-gardes historiques), leur fonction de fétiche (le Mouse Museum de Claes Oldenburg), ou encore leur valeur iconique (Martin Arnold et ses Disney Series).

Pour son anniversaire, Donald Duck reçoit par la poste un cadeau volumineux : un projecteur 16mm et les bobines d’un film d’animation consacré à l’Amérique latine et notamment au Mexique. En 1944, Saludos Amigos, réalisé par Norman Ferguson pour les Studios Disney en 1944 explorait déjà de nombreuses stratégies méta-discursives multipliant les transgressions de la spatialité plate de l’écran et les interpellations directes au spectateur (on songe à l'épisode brésilien qui introduit le personnage du perroquet José Carioca) : conçu comme son « prequel » sur le modèle du mélange des prises de vues réelles et de dessin animé, Three Caballeros pousse à l'extrême les effets développés dans Salutos Amigos et fait du personnage de Donald le vecteur d'une exploration des propriétés du film. L'exotisme fourni par les décors brésiliens et mexicains rappelle les grands films inachevés de Welles (It's All True) ou de Eisenstein (Que Viva Mexico !) tournés dans les mêmes décors, tandis que l’utilisation du Technicolor transforme les expérimentations chromatiques en spectacle flamboyant et sensuel. C'est la même sensualité que Standish Lawder recherche dans sa célébration du projecteur 16mm (Color Film). Et si Donald n’avait pas été seulement projectionniste, mais aussi cinéaste d'avant-garde?

Standish Lawder, Color Film, 1971, 16mm, coul, son, 3 min
Norman Ferguson, The Three Caballeros, 1945, 35mm, coul, son, 72 min