Festival / Etats seconds

D’où provient l’impression d’être ou d’avoir été un autre, ou bien ailleurs, en quelque espace inconnu de nous jusque-là, ou encore en une époque distante du passé ou de l’avenir que nous ne sommes pas censés avoir vécue ?

Qu’est-ce qu’être, littéralement, hors de soi – divisé, éparpillé, multiplié ?

Pourquoi l’espèce humaine s’est-elle de longue date ingéniée à s’imaginer des doubles (toujours plus ou moins menaçants), pourquoi a-t-elle avec tant d’insistance tenu à tisser un envers de la réalité qui vienne en permanence inquiéter les apparences, les fragiliser en introduisant en leur sein un soupçon permanent de fiction, de théâtre, de cauchemar ?

Des techniques et adjuvants de toutes sortes ont ainsi été inventés ou découverts afin de donner corps à cette horreur, qui s’inverse elle-même en désir, d’un monde sans fond, sans consistance ultime, c’est-à-dire peut-être - secret espoir des extases aussi bien que de l’art et de la métaphysique - délivré du règne de la mort ?

Transe, hypnose, hallucination et autres modes d’altération psychique : ces six séances, auxquelles répond la programmation Aether de Christoph Keller, explorent quelques-unes des innombrables manières dont les arts visuels, et au premier chef les images en mouvement, ont su se faire l’agent, ou bien l’écho selon les cas, de divers troubles de la conscience.

Les conférences seront accompagnées de projections de films.