Une histoire du cinéma, vol. 6

Reformulation des programmes de l’époque, ce cycle propose un aperçu de la collection historique, en parcourant sa chronologie à rebours. Les séances accompagnent la parution de l’ouvrage L’Histoire d’une histoire du cinéma (Paris Expérimental/Centre Pompidou, 2023) et sont l’occasion de redécouvrir quelques films marquants, certains cultes et d’autres méconnus, acquis dès l’ouverture du Centre Pompidou.

Cinéaste rattaché à la tendance du « film structurel » états-unien, Ernie Gehr est présent avec cinq films dans la sélection « Une histoire du cinéma ». Still, réalisé entre 1969 et 1971, est le résultat d’une observation urbaine conduite depuis son bureau à la Film-Makers’ Cooperative de New York, à l’époque située au 175 Lexington Avenue. Gehr recadre une partie de la vue qui lui est offerte par son poste bureautique : cette image paraît contenir, dans la partialité de la composition, la vie urbaine de la ville entière. Au cours de ses cinquante-quatre minutes, Still donne à voir à l’intérieur des plans, des blocs temporels plutôt que des actions. Ces quelques prises de vue, en plan fixe, s’enrichissent de bruits d’ambiance et d’apparitions fantomatiques obtenues en surimpression, délivrant une exploration sensorielle et perceptive qui s’ouvre à la contemplation tout en proposant une réflexion sur le statut de l’image en mouvement.

Still, film explicitement new-yorkais se trouve associé, dans le découpage chronologique du cycle, à Maine Montparnasse (1972) de Claudine Eizykman et Guy Fihman. Dans ce film urbain parisien, l’architecture d’un immeuble y est saisie, dans les mots de son autrice, « selon les lignes de force déployées ou opposées : mouvements rectilignes ou ondulés, mouvements larges ou focalisants, mouvements lents ou rapides, mouvements aller-retour ». L’espace urbain devient la matrice d’un film qui s’annonce déjà « post-structurel ».