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Le Portrait d'Erik Satie

[1892-1893]

Suzanne Valadon

Suzanne Valadon rencontre Erik Satie à l’Auberge du Clou à Montmartre, quartier où ils habitent tous deux, et leur relation passionnelle commence en janvier 1893.Il vit alors de ses cachets dans les cabarets alors qu’il a déjà composé Gymnopédies (1888), devenues célèbres bien plus tard grâce aux surréalistes.   

Tandis qu’il la croque à plusieurs reprises sur du papier à musique, elle réalise son portrait, une de ses toutes premières toiles, qui révèle son talent précoce de portraitiste.

Son approche est à la fois réaliste et expressive. L’œuvre capture sa relation intime avec le modèle tout comme la nature profonde du compositeur : sa personnalité énigmatique connue pour son excentricité et son approche non conventionnelle de la musique. Sa longue chevelure et sa barbe réhaussées d’un rouge brun, caractérisent le visage d’un jeune homme amoureux et distingué. Valadon fait ressortir les yeux clairs de Satie à travers ses binocles devenues ensuite un attribut du musicien et souligne sa bouche qu’elle prend soin de peindre dans un rouge baiser attirant le regard.

Après six mois de relation passionnée, le couple se sépare. Dévasté, Satie compose en réaction Vexations, une partition obsédante dont le motif doit être répété huit cent quarante fois et peut durer jusqu’à vingt-quatre heures selon le tempo adopté. Retrouvée à son domicile après sa mort, l’œuvre n’a jamais été jouée de son vivant. En 1893, il écrit à son frère : « Je viens de rompre définitivement avec Suzanne. J’aurai bien du mal à reprendre possession de moi-même ; aimant cette petite comme je l’aimais depuis ton départ ; elle avait su me prendre en entier. Le temps fera ce que je ne puis faire en ce moment. »