Minotaure
1er janvier 1928
Pablo Picasso
La figure mythique du Minotaure est un motif central de l’œuvre de Picasso, peut-être par sa proximité avec les thèmes du taureau et de la corrida, mais aussi parce qu’il symbolise l’ambiguïté de l’homme, entre le divin et le bestial.
D’après la légende crétoise, cette créature composée d’une tête de taureau et d’un corps d’homme naît des amours adultères de Pasiphaé, femme du roi Minos, et d’un taureau que lui a insidieusement offert Poséidon. Humilié par cette infidélité et cette liaison contre-nature qui, de surcroît, donne naissance à un monstre, Minos commande à l’architecte Dédale une construction d’où nul ne peut sortir, le labyrinthe, pour y enfermer le Minotaure.
Le monstre tel que Picasso le représente ici pour la première fois, tracé au fusain sur un fond de papiers collés beige et bleu, semble courir à toutes jambes, comme s’il espérait trouver l’issue du labyrinthe. Sa position ainsi que les courbes qui figurent son corps contrastent avec la rigidité anguleuse des morceaux de papiers et évoquent la lutte contre l’enfermement.
Picasso représente ce monstre dans d’autres œuvres, ce qui le rapproche dans les années 1930 du groupe surréaliste. Il réalise notamment en 1933 la couverture du premier numéro de l’une de leur revue, elle-même intitulée Minotaure.
Pour aller plus loin
Une autre interprétation de la figure du Minotaure :
André Masson, Le Labyrinthe, [1938]
(Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris)