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Daddy

1973

Niki de Saint Phalle

Nous voulons (aujourd’hui) profiter de notre liberté et de notre pouvoir, comme tu profitais du tiens.*

 

Réalisé en collaboration avec Peter Whitehead – écrivain et cinéaste originaire d’Angleterre connu pour son travail sur la contre-culture des années 1960 – ce film évoque pour la première fois l’inceste subi par l’artiste durant son enfance. Daddy, à forte dimension autobiographique, illustre ce moment de bascule vers la violence physique, l’agression sexuelle et le viol. Certaines scènes proviennent d’une performance filmée des Tirs (série de performance faites par l’artiste entre 1960 et 1963) où Niki de Saint Phalle reprend le dessus sur le traumatisme : armée d’une carabine, elle tire dix-sept fois sur un subterfuge représentant la figure de son père et d’autres symboles phalliques ou masculins (canons, voiture, avion). Ce leurre, fabriqué à partir de détritus, dissimule des poches de peinture rouge qui éclatent aléatoirement à chaque coup de feu. La métaphore physique du père est désarmée, en proie au pouvoir de l’artiste munie d’un fusil.

Ce support filmique est créé pour accueillir la parole de Niki de Saint Phalle et la diffuser. Tout au long du film, elle dédie ses gestes, sa colère, son envie de meurtre à son père. Avec ce dispositif, elle lui fait ses adieux en rompant définitivement les liens qui les unissent. Plus qu’un au revoir, elle tue symboliquement la figure paternelle et la domination qu’elle incarne.


*Citation extraite du film Daddy.