L'Homme de la nuit n°1

Être monstrueux sans tête et aux ailes épaisses, L’Homme de la nuit, n°1 n’est pourtant pas effrayant et révèle au contraire la dimension ludique de l'art de Germaine Richier. Cette figure nocturne renoue avec le répertoire de formes hybrides que l’artiste met en place à partir de 1940. L’œuvre témoigne de l’intérêt de Richier pour les créatures mythiques et la déformation des corps, mais aussi de son souhait de révéler le mystère et la fragilité qu’elle voit en chaque être humain.

Une impression de puissance surnaturelle se dégage de cette sculpture aux formes inattendues, dont l’expressivité est accentuée par le traitement de la matière. Elle appartient à une série que Richier réalise dès 1953 à partir de plaques de cire récupérées chez son fondeur. Ramollie puis tordue, déchirée et marquée d'empreintes, la cire donne caractère et mouvement au corps du personnage. Richier, qui aimait répéter « quand je trouve une forme, je la détruis », explore les potentialités de ce matériau et réinvente ainsi le rendu du bronze, qui conserve l’impression de souplesse de la cire.