La Muse endormie
1910
Constantin Brancusi
La Muse endormie est emblématique de la relation de Brancusi avec sa création. Elle incarne sa volonté de s’extraire de toute expression ou sentiment personnel vis-à-vis de son modèle, pour privilégier une forme élémentaire, universelle et intemporelle.
La Muse endormie est, à l’origine, le visage de la baronne Frachon dont Brancusi a déjà réalisé plusieurs portraits en 1908-1909.
Avec cette œuvre, toute l’expression se dilue dans la forme ovale de la tête. Le visage semble naître à une nouvelle naissance, plus spirituelle, d’où émane une impression de stabilité. Une sensibilité d’une extrême douceur affleure à la surface de la bouche, des yeux, des cheveux. Un espace infime existe entre l’apparence possible du visage et sa disparition imminente. La main de l’artiste s’est effacée pour laisser la place à la matière particulièrement pure du marbre ou du bronze. L’être contenu dans cette forme ovale semble s’ouvrir à la conscience du monde. Cette émergence de la conscience en train de se constituer est présente dans de nombreux titres de sculptures comme Le Nouveau Né, Le Commencement du monde, Le Premier Cri ou Prométhée.
L’extrême raffinement de La Muse endormie rappelle d’autres cultures et principalement les arts asiatiques que Brancusi a côtoyés au Musée Guimet à Paris.
Les nombreuses variantes sur le thème de la tête (La Muse, Mademoiselle Pogany, Danaïde…) montrent la place que Brancusi accordait à ce thème dans son œuvre.
Pour aller plus loin
Podcast
La Muse endormie de Brancusi (1910)
extrait de la série #PompidouVIP
Durée : 10 min