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Portrait de Matisse par Man Ray, 1922

Focus sur... « La Blouse roumaine » d'Henri Matisse

Tableau iconique de la collection du Centre Pompidou, La Blouse roumaine trouve toute sa place au cœur de l'exposition « Matisse, comme un roman ». Focus sur la célèbre blouse brodée à larges manches, l'une des œuvres phares du plus grand coloriste du 20e siècle.

± 5 min

Il faut parfois du temps et de la patience pour aboutir à un résul­tat simple ou à une synthèse satisfaisante. La Blouse roumaine est le fruit de six mois de travail et plus largement encore de décen­nies de recherche par le plus grand coloriste du 20e siècle.

 

« Ce que je poursuis par-dessus tout, c'est l'expression », avance Matisse dans ses Notes d'un peintre. La phrase est devenue célèbre. Ce texte fondateur publié en 1908 dans La Grande Revue est bientôt traduit en russe et en allemand. Matisse, considéré comme le chef de file des fauves, a une certaine influence. Après avoir fait scandale quelques années auparavant lors du Salon des indépendants, il est plébiscité. Ses collectionneurs le poussent à ouvrir une académie à Paris afin de transmettre son art. Pour Matisse, la couleur et la composition sont fondamentales, elles permettent l'expression des sentiments et l'harmonie du tableau. La place qu'occupent les corps dans une toile importe autant que les vides qui sont autour d'eux. Matisse conseille de trouver des accords de couleur et surtout d'avoir une conception nette de l'ensemble. Au fil des décennies, le désir d'accorder le dessin à la couleur ne le quitte pas et le pousse toujours plus avant dans ses recherches picturales.

 

Pour Matisse, la couleur et la composition sont fondamentales, elles permettent l'expression des sentiments et l'harmonie du tableau. La place qu'occupent les corps dans une toile importe autant que les vides qui sont autour d'eux.

 

En décembre 1945, à la galerie Maeght, il expose six toiles, dont La Blouse roumaine accompagnée de tirages photogra­phiques illustrant les treize étapes qui ont mené à l'accom­plissement du tableau. La presse salue cette initiative : « Nous sommes restés rêveurs et plein d'admiration. Ainsi il y a tout cela derrière un Matisse ! », peut-on lire dans Temps présent. François Campaux réalise un film à partir des photos de La Blouse pour reconstituer la naissance de l'œuvre au ralenti. Les motifs se simplifient au fur et à mesure. Le décor disparaît, les couleurs sont traitées par aplat. L’ovale simple du visage se substitue aux traits du modèle. Le film montre également le peintre au travail dans une séquence mémorable où Matisse trace des contours dans l'espace avec son pinceau. Henri-Georges Clouzot reprendra le même procédé dix ans plus tard dans Le Mystère Picasso.

 

Ce que je poursuis par-dessus tout, c'est l'expression.

Henri Matisse

 

Le long travail d'ajustement et de recom­position de chaque tableau de Matisse est l'occasion pour lui d'essayer différentes formes de « bricolage », de grattage, d'expé­rimentations à la gouache, de découpage..., qui commencent à acquérir leur autonomie dans les années 1940. « Le papier découpé me permet de dessiner dans la couleur. » L’artiste expose des patrons de tapisse­rie au Salon d'automne de 1945 lors de sa première rétrospective officielle. Il publie ensuite Jazz, un recueil contenant vingt planches au pochoir dont les formes ont été directement découpées dans des papiers colorés à la gouache, sans dessin préalable. La série de papiers gouachés découpés connus sous le titre Nus bleus de 1952 et la Piscine sont une apothéose colorée et une formidable synthèse de ces expérimenta­tions. La grande exposition consacrée aux découpages, inaugurée en 2014 à la Tate de Londres puis transportée au MoMA de New York en 2015, a attiré près d'un million de visiteurs. ◼

Texte à retrouver dans « Pourquoi c'est connu ? Le fabuleux destin des chefs-d'œuvre du Centre Pompidou » :

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