Cumul I
[1968]
Cumul I
[1968]
Cette sculpture hybride témoigne du va-et-vient de Bourgeois entre des pôles opposés : féminin et masculin, ordre et chaos, organique et géométrie.
Cumul 1 fait partie d'une série de sculptures en marbre réalisée en Italie. Formées d'excroissances sphériques, leur aspect biomorphique et sensuel peut faire penser à des seins ou à des phallus. Cependant, le titre de l'œuvre fait référence au mot « cumulus» qui désigne la formation de nuages ronds et évoque pour l'artiste quelque chose de paisible. Les formes ovoïdes émergent d'un voile souple et fin dont les multiples plis sont inspirés des drapés baroques du sculpteur Le Bernin (1598-1680), que Bourgeois a pu admirer en Italie.
Domaine | Sculpture |
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Technique | Marbre blanc, bois |
Dimensions | 51 x 127 x 122 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1973 |
N° d'inventaire | AM 1976-933 |
Informations détaillées
Artiste |
Louise Bourgeois
(1911, France - 2010, États-Unis) |
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Titre principal | Cumul I |
Date de création | [1968] |
Domaine | Sculpture |
Description | Sculpture en marbre posée sur un socle en bois en 2 parties |
Technique | Marbre blanc, bois |
Dimensions | 51 x 127 x 122 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1973 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1976-933 |
Analyse
Au début des années 1960, Louise Bourgeois abandonne la rigidité verticale du bois de ses premières figures totémiques pour des matériaux plus souples, liquides, comme le plâtre, puis le latex, auxquels elle donne des formes organiques, sensuelles, biomorphiques, ayant comme thème le nid, le refuge, la tanière. À partir de 1967, elle travaille le marbre directement en Italie, à Pietrasanta, où elle retourne régulièrement jusqu’en 1972, et réalise plusieurs œuvres formées de bulles et de monticules, excroissances sphériques ou ovoïdes, évoquant aussi bien des seins que des phallus (L’Écho, 1968 ; Avenza, 1970). L’une des séries porte le nom de Cumul , en référence aux nuages ronds appelés cumulus. « Ce sont des nuages, une formation de nuages. Moi je n’y vois pas de formes sexuelles », dit-elle. Cette sculpture fait partie d’un ensemble comportant des dessins abstraits et colorés, ainsi que des œuvres en marbre noir, comme Colonnata (1968) ou Noir veiné (1968), présentant une accumulation d’obus lisses sur un socle grossièrement taillé et rugueux. Le point de départ de ces formes vient de Sleep II (1967), une forme phallique en marbre posée également sur deux traverses de bois brut.
Dans Cumul I, les formes rondes et blanches semblent émerger d’un voile aux multiples plis, souple et fin comme une membrane. Ce drapé baroque, inspiré du Bernin, se retrouve dans des œuvres ultérieures, comme dans la Femme-Maison de 1983, et annonce les grandes installations en latex de Destruction du Père (1974) et de Confrontation (1978).
Marie-Laure Bernadac
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007