Jeune fille nue et servante à la baignoire
[1908]
Jeune fille nue et servante à la baignoire
[1908]
Domaine | Dessin |
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Technique | Fusain sur papier calque |
Dimensions | 28 x 28,7 cm |
Acquisition | Legs de Docteur Robert Le Masle, 1974 |
N° d'inventaire | AM 1974-151 |
Informations détaillées
Artiste |
Suzanne Valadon (Marie-Clémentine Valadon, dite)
(1865, France - 1938, France) |
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Titre principal | Jeune fille nue et servante à la baignoire |
Date de création | [1908] |
Domaine | Dessin |
Technique | Fusain sur papier calque |
Dimensions | 28 x 28,7 cm |
Inscriptions | Signé en bas à droite : suzanne Valadon. Non daté |
Acquisition | Legs de Docteur Robert Le Masle, 1974 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1974-151 |
Analyse
Le réalisme implacable de l’œuvre de Suzanne Valadon, à rebours de l’hédonisme matissien, est à l’égal de la liberté provocante de sa vie bohème – jeune, elle devient le modèle et l’amante de Puvis de Chavanne, de Renoir et de Toulouse-Lautrec, avant que n’éclate le scandale de sa liaison avec André Utter. Lautrec, dont elle partage les goûts excentriques (Baudelaire, les estampes japonaises), découvre ses dessins et lui fait rencontrer Degas, qui, admiratif de ses « dessins méchants et souples », l’encourage à poursuivre son travail. En 1908, le trait de Valadon oscille en effet entre ces deux pôles : « souplesse », classicisme, dans la lignée de Puvis, et « méchanceté », expressivité, proche davantage de Lautrec. Dans Jeune fille nue et servante à la baignoire, la ligne conduite au fusain, continue, souple, se fait contour et caresse sensuelle. Tout contraste avec le corps gracile de l’enfant, cambré, qui semble jailli de la chemise tombée à terre : la baignoire de zinc, froide et pesante comme un tombeau, le fauteuil crapaud et la figure de la servante au large dos courbé. L’acuité, le mordant du trait donne aux corps une présence fixe : le cerne capture l’instant. Un an après, Valadon adopte la couleur avec Ni blanc ni noir, intitulé aussi Après le bain (1909, MNAM).
Les dessins de Valadon ne diffèrent pas de ses gravures ; Degas lui apprend, en 1894 ou 1895, sur sa propre presse, la technique du vernis mou. La vigueur du graphisme de Valadon y excelle, non sans rappeler celui de Cranach, qu’elle admire. Le désir de la couleur, qui lui fera adopter le pastel en 1904, la conduit à multiplier les expériences. Ainsi, ce rare monotype, Catherine nue se coiffant, est réalisé selon une technique chère à Degas : rapidement, à la brosse, la plaque gravée est enduite d’encre ou de couleurs à l’huile, puis imprimée. Ici, les tons diffus ocre, sépia et bleu plongent le corps lourd de Catherine, d’un réalisme sans complaisance, dans une atmosphère flottante et mordorée qui en fait la beauté.
Anne Lemonnier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 36) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Suzanne Valadon. Un monde à soi : Metz, Centre Pompidou, 15 avril-11 septembre 2023. - Metz : Editions du Centre Pompidou Metz, 2023 (cit. p. 102) . N° isbn 978-2-35983-071-2
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