Débat / Rencontre
Helmut Lachenmann
Kontrakadenz, 1971
18 nov. 2007
L'événement est terminé
Kontrakadenz, 1971.
À partir de la fin des années 1960, Lachenmann a développé ce qu'il nommera une « musique concrète instrumentale », c'est-à-dire faite de sonorités en grande partie « bruitistes » mais produites sur les instruments traditionnels.
Kontrakadenz, 1971, constitue un premier exemple remarquable de cette esthétique, qui s'inscrit dans une « histoire du bruit », depuis Berlioz ou Mahler jusqu'aux Futuristes et Varèse et illustre de manière plus générale, le rôle croissant du matériau dans l'art moderne.
Par Martin Kaltenecker, musicologue.
Helmut Lachenmann, Kontrakadenz, 1971
Par Martin Kaltenecker, musicologue, producteur à France Musique.
À partir de la fin des années 1960, Lachenmann a développé ce qu'il nommera une « musique concrète instrumentale », c'est-à-dire faite de sonorités en grande partie « bruitistes » mais produites sur les instruments traditionnels.
Kontrakadenz, 1971, constitue un premier exemple remarquable de cette esthétique, qui s'inscrit dans une
« histoire du bruit », depuis Berlioz ou Mahler jusqu'aux Futuristes et Varèse et illustre de manière plus générale, le rôle croissant du matériau dans l'art moderne. À plusieurs niveaux, la « musique concrète instrumentale » fait appel à un rapport avec l'image. Souvent, un groupe d'instruments est « vu » comme un « super-instrument », par exemple toutes les cordes pincées comme une harpe gigantesque. Ensuite, la vue de l'instrumentiste est parfois essentielle : « Le son d'un violon indique ce qui a lieu - comment, sous un certain degré de pression, les crins se tendent, alors que l'on frotte de telle ou telle manière ». Enfin, Lachenmann joue d'images musicales qui font appel à des gestes codés dans la musique classique, soit par collage, soit par allusion - ces ressemblances et comparaisons (en grec : eikon) tissent des liens avec le répertoire classique.
Trois aspects - métaphorisation de l'instrument, théâtralisation du jeu de l'instrumentiste, comparaison qui fait image - en appellent à trois manières d'écouter/voir. On peut se demander si cette « iconicité » constitue une force propre à la musique, ou si elle est une réponse de la « musique concrète instrumentale » à la pression de l'image qui caractérise le monde moderne.
Martin Kaltenecker, musicologue, travaille comme traducteur et comme producteur France Musique. Il est membre associé du Centre de Recherches sur les arts et le langage (EHESS, Paris). En 2006/2007 il a été boursier du Wissenschaftskolleg zu Berlin. Outre de nombreux articles sur l'esthétique de la musique au 19e et 20e siècle, il a publié La Rumeur des Batailles (Fayard, 2000), Avec Helmut Lachenmann (Van Dieren, 2001), ainsi que la traduction commentée des Moments musicaux de T.W.Adorno (Contrechamps, 2003). Il a co-dirigé l'ouvrage collectif Penser l'Œuvre musicale au 20e siècle : avec, sans, contre l'histoire ? (CDMC, 2006).
Quand
À partir de 11h30