Débat / Rencontre
Mai 68, le temps de l'histoire
Colloque
16 févr. 2008
L'événement est terminé
Il y eut longtemps un « mystère 68 » pour les historiens.
De nombreux acteurs ont vécu l'événement comme un fait historique, en conservant et en inventoriant des traces archivistiques de toutes sortes.
Une première strate de documents et une histoire immédiate se sont constituées presque dans l'instant.
Et pourtant, l'historiographie de Mai 68 eut bien des difficultés à exister, ne prenant consistance qu'au fil des années.
Il y eut longtemps un « mystère 68 » pour les historiens. De nombreux acteurs ont vécu l'événement comme un fait historique, en conservant et en inventoriant des traces archivistiques de toutes sortes. Une première strate de documents et une histoire immédiate se sont constituées presque dans l'instant.
Et pourtant, l'historiographie de Mai 68 eut bien des difficultés à exister, ne prenant consistance qu'au fil des années.
Parallèlement, les commémorations décennales entretenaient une histoire formatée, reconduite tous les dix ans : chaque nouvelle couche d'interprétation se mêlant au présent de la situation contemporaine.
L'excès de mémoire explique- t-il le déficit d'histoire ? Si l'événement s'est auto-historicisé à chaud, son histoire fut longtemps « nonchalante », contrairement à la sociologie, pour laquelle Mai 68 s'est, semble-t-il, rapidement transformé en objet d'études légitime.
L'histoire a désormais rattrapé une partie de ce retard et, à travers quelques chantiers exemplaires, s'est emparé plus sûrement de Mai 68, incluant l'événement dans une histoire du temps présent dont il pourrait illustrer, par exemple, un moment de l'action ouvrière ou syndicale, les identités multiples de la jeunesse, les mobilisations étudiantes, les mutations rapides des problèmes de société, les questions de genres et d'identités sexuelles.
Aujourd'hui Mai 68 semble apporter ses propres questions aux historiens. Une part non négligeable des nouvelles interrogations de la discipline sur ses méthodes, ses objets et son épistémologie, est nourrie de problématiques liées
à 68, autour de l'événement Mai proprement dit ou selon le temps plus large des « années 68 ». C'est le cas de la place des images dans la reconstitution d'une époque, des rapports de l'histoire avec la fiction, des représentations individuelles et collectives, ou encore de la temporalité et de la spatialisation de l'événement.
Mai 68, moment vécu comme historique mais échappant longtemps à l'histoire, fait donc retour, peu à peu et selon des circonstances que cette journée va tenter d'élucider.
Antoine de Baecque et Emmanuelle Loyer
Ouverture par Thierry Grognet, directeur de la Bpi .
Présentation : Emmanuelle Loyer, historienne, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris
Une histoire toujours à faire
Mai 68, entre mémoire et histoire
par Patrick Garcia, maître de conférences en histoire, Université de Cergy-Pontoise, chercheur associé à l'Institut d'histoire du temps présent, IHTP/CNRS.
Mai 68, le sociologue et l'événement
par Liora Israël, sociologue, maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Interventions suivies d'une table ronde, avec :
- Michelle Perrot, historienne , professeur émérite de l'Université de Paris 7- Denis Diderot, spécialiste des mouvements ouvriers et de l'histoire des femmes.
- Alain Schnapp, professeur d'archéologie à l' Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, co-éditeur du Journal de la Commune étudiante.
Modérateur : Antoine de Baecque, historien, spécialiste de la culture des Lumières et de la Révolution française, directeur des Editions Complexe.
Mai 68, de l'histoire immédiate aux appropriations historiennes de l'évènement
Révolution ou insubordination ? Les grèves ouvrières en Mai-juin 68
par Xavier Vigna, maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Bourgogne, Centre Georges Chevrier, Dijon.
Les mouvements étudiants : un renouveau de l'histoire des mouvements sociaux depuis Mai 68
par Jean-Philippe Legois, historien, directeur de la Mission CAARME ( Centre d'Animation, d'Archives et de Recherches sur les Mouvements Etudiants, en projet à Reims)
Interventions suivies d'une table ronde, avec :
- André Rauch, historien, spécialiste d'histoire culturelle et de la condition masculine, professeur à l' Université Marc Bloch de Strasbourg.
- Pascal Ory, historien, spécialiste d'histoire culturelle contemporaine, professeur à l'Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.
Modérateur : Antoine de Baecque
Mai 68, un lieu pour l'histoire
L'inconnu de la cour de la Sorbonne
par Philippe Artières, historien, chargé de recherches au C.N.R.S, à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Un regard différé sur Mai 68. Le legs photographique des correspondants du journal l'Humanité
par Vincent Lemire, spécialiste d'histoire contemporaine , Ecole Normale Supérieure de Lyon
et par Yann Potin, enseignant en histoire à l'Université de Paris-10 Nanterre.
Interventions suivies d'une table ronde, avec :
- Arlette Farge, historienne, directrice de recherches au C.N.R.S.
- Michelle Zancarini-Fournel, historienne, spécialiste d'histoire contemporaine et de la condition des femmes, professeur à Université de Lyon 1- Claude Bernard, IUFM, co-directrice de la revue Clio, Histoire, femmes et société.
Modérateur : Antoine de Baecque
Débat général. Synthèse du colloque et perspectives par Emmanuelle Loyer et Antoine de Baecque.
Remerciements à Jacques Windenberger.
Quand
13h30 - 20h30