Cinéma / Vidéo
Agnès de cayeux
"In my room"
28 - 29 mai 2005
L'événement est terminé
in my room on line / chambre de discussion littéraire vidéo/chat sur internet off line/ installation littéraire vidéo/sonore pour une femme
In my room (off et on line) un territoire érotique, une littérature à venir
Dans le champ de l'expérience et éloigné de celui de la littérature, le réseau Internet dessine un territoire érotique singulier. De la simple relation établie par l'écrit de l'e-mail entre deux personnes à celle engagée à travers les espaces de rencontre vidéo/chat des chambres de discussion, une écriture de l'intime se construit en dehors de tout cadre social ou affectif connu.
Ceux qui s'y livrent déposent intuitivement les règles d'une grammaire en devenir. Je me suis intéressée à cette syntaxe de l'échange érotique, je me suis positionnée en observatrice depuis plus de deux années, j'ai traversé ces expériences, simulé des échanges.
J'ai choisi de proposer deux objets de rendez-vous littéraires : une installation présentée lors de festivals et une chambre de discussion vidéo/chat accessible sur le web. Pour le projet, 7 écrivains se livrent au jeu de l'écrit bref. Alexandre Gouzou, Arnaud Cathrine, Régis Clinquart, Guadalupe Nettel, Chloé Delaume, Charles Bösersach et G.O ont accepté d'écrire pour le réseau.
Le travail de recherche de textes littéraires engagé pour la précédente pièce, "I'm just married", s'est porté vers une littérature érotique 17 et 18ème, se confiant plus particulièrement à une personne, Jacques Cotin dont le métier et l'expérience sont liés à la connaissance d'un genre et la volonté d'en transmettre l'attachement (Jacques Cotin dirige la collection Le Pavillon des corps curieux des Editions de Philippe Picquier).
In my room s'est construit autour d'un regard de lectrice. J'ai choisi ces 7 écrivains comme l'on choisit ses amis, lors d'une première rencontre. Le projet de passer une commande à des écrivains est motivé par le geste de l'écrit inédit à offrir au réseau Internet. C'est un geste auquel je suis attachée.
In my room (on line)
In my room (off line)
In my room (off line) est une installation présentée lors de festivals. Une femme, présente sur un socle de plexiglass, s'auto-filme grâce à une micro-caméra sans fil fixée dans le creux de sa paume.
Les captations des détails de son corps et visage sont diffusées simultanément sur une surface de projection murale et dans la chambre de discussion vidéo/chat. Les 7 récits commandés auxécrivains sont préenregistrés et diffusés dans l'installation et dans la chambre du web. La voix est féminine. Les visiteurs de l'installation et les internautes de la chambre sont conviés à des rendez-vous successifs. 7 femmes se succèdent pour ces rendez-vous.
In my room (off et on line) autofilmages
Figure féminine des chambres de discussion vidéo-chat du réseau Internet ou figure du modèle féminin, la femme pose, elle s'autofilme - elle déploie une image distanciée d'elle-même et devient productrice de l'image.
La femme est différente chaque soir de rendez-vous. Le visiteur et l'internaute sont invités à s'en approcher. Ils sont conviés à entrer dans l'espace intime de celle-ci. Le mouvement capté par la femme, ses mises en détails sont incessants et arborent parfois l'infime. C'est elle qui est dans in my room le passeur d'une tension érotique possible entre les visiteurs et/ou les internautes et cette diffusion de l'autofilmage.
Notes sur un geste ordinaire, celui del'autofilmage des sujets (internautes) sur les chambres de discussion vidéo/chat du web
Le sujet se cadre, se met en lumière et se meut sous un mode d'auto-observation permanent. Ces mises en écran semblent longuement préparées. Ce geste m'intéresse pour son authenticité visuelle. Le sujet décline des poses, au sens pictural du terme, capables de mener un dialogue visuel en ce territoire de l'intime. Si la pose est limitée à une syntaxe du portrait classique, certains mouvements produits naturellement - un étirement ou un passage de la main dans les cheveux - laissent apparaîtrent insidieusement d'autres parties du corps : les épaules, les bras, les mains, les aisselles, le torse.
Evocation au désir charnel. Certains sujets transgressent l'évocation et s'engagent dans une mise en détail de leurs corps : un œil, une bouche, une partie du corps tatouée, une cicatrice ou déclinent une action à connotation
érotique . Le contexte est celui-ci : les corps et les regards sont proches, dans ce face à face visuel, la tension est omniprésente, Là où chacun peut arrêter brusquement le dialogue engagé, le risque de perdre l'autre anonyme est grand et permanent.
Mulhouse 2003 - Workshop mené sur « l'autofilmage sous le réseau » avec 7 étudiants des Beaux-Arts et Arts Décoratifs.
In my room (on line) dispositif
In my room (on line) est une chambre de discussion vidéo/chat accessible sur le réseau Internet et ouverte à 7 personnes possédant une webcam. Les internautes échangent des données textuelles et vidéos, et entendent les récits préenregistrés.
L'image de l'autre présent est traitée sous la forme d'une vignette vidéo ou celle d'un paysage visuel. Je peux ainsi choisir de désigner l'autre comme ce paysage, ce fond sur lequel le dialogue s'inscrit. Il s'agit d'un jeu sur l'image de l'autre. Le trouble des mots, celui des expressions, des échanges visuels et textuels participent de la fiction. détail : la vignette vidéo.
In my room (on line) ouverture technologique
Il n'existe pas en France de chambre de discussion vidéo/chat sur le protocole http, c'est à dire de simple utilisation. Et très peu en Europe. Il existe quelques solutions non payantes comme Ivisit. Mais l'utilisateur doit télécharger un logiciel, le paramétrer, puis entrer dans un espace vide de sens et au final marchand où il peut choisir d'entrer dans une chambre thématique parmi des centaines de chambres" rubriquées ". Seules, les universités au sein des départements réseaux et flux vidéos ont menés des expériences multicast de ce types, mais non accessibles puisque dédiées à des plateformes unix et des protocoles fermés. Certains laboratoires de recherche et développement mènent aussi des avancées technologiques à travers des outils de visioconférences performants. Mais dans ce dernier cas , si l'émission est dédiée à de multiples réception, l'émission/réception multicast n'est pas développée. J'ai passé plus d'une année à rencontrer des ingénieurs, des équipes de développement, des universitaires j'ai cherché des solutions peer to peer (le flux de données passe de machine utilisateur à machine utilisateur sans passer par un serveur) j'ai cherché, j'ai lu.
Je me suis donc tournée vers la technologie offerte depuis peu par Flash et son serveur Flash Com. Je sais que Flash est un produit d'une major. Mais aucun des visiteurs de cette chambre ne le saura, car nous avons tous sur nos machines le lecteur flash et seul ce programme léger est suffisant pour offrir à l'utilisateur d'émettre un flux vidéo et d'en recevoir.
Si l'on analyse ici la dépendance au format, elle est la même pour toutes les applications qui utilisent le transfert vidéo sur le réseau Internet. Nous utilisons tous les codecs Sorenson ou Qdesign. Notre regard est formaté par le codec. Et nous ne pouvons rien y faire, ou bien développer des codecs libres.
Cette volonté a été engagée grâce à un apport en compétences et en industrie de Regart.net chez qui je développe ce projet avec 2 ingénieurs, dont l'un est aussi développeur pour l'école le Fresnoy. Il s'agit d'un an de travail intensif, de réflexion et de développement qui peuvent enfin offrir une solution technologique à d'autres. Car ma volonté est surtout celle d'initier une communauté d'internautes désireux de partager ces expériences multicast ailleurs sur le réseau et donc de susciter une demande. projet réseau pour ma ville.
In my room (off line) dispersion musicale et sonore
Olivier Chauvin compose l'environnement sonore et musical de la pièce In my room.
L'espace sonore de la pièce est celui d'une dispersion musicale élaborée en rappel du texte à entendre.
La diffusion de la partition-texte est élaborée sous le mode de la spatialisation quadriphonique, grâce à un système multi points (4 points de diffusion disposés symétriquement dans les 4 faces d'un socle en plexiglas).
Cette partition spatiale est réalisée avec le logiciel de programmation MaxMSP.
Pour créer l'environnement sonore diffusé sur les surfaces murales, j'opère des extractions du texte dit : voyelles diphtongues, syllabes. Ces fragments de voix sont modulés ensuite par un banc de 7 fréquences.
Ces échantillons servants de base à un travail de synthèse granulaire (création d'un son à partir de "grains", courts morceaux d'un sample recombinés de façon plus ou moins aléatoire) sont transposés entre plus 3 et moins 4 octaves tout au long du rendez-vous, pour une entrée en crescendo de fréquences sub-basses.
Cette matière première est enrichie par différentes distributions de bruit rose et de bruit brownien générés de manière évolutive jusqu'à la fin du rendez-vous.
Il y a corrélation entre le son et la voix, le texte faisant évoluer les sonorités etdéclenchements de bruit.
Olivier Chauvin est l'auteur de l'abécédaire musical des Musiques pornographiques produit et mixé au Batofar et au Project 101. Il a signé également les environnements sonores et musicaux des pièces interactives de not to be : I'm just married, your projection, 12 notes, rêves d'enfance.
conception : Agnès de Cayeux
son et musique : Olivier Chauvin
lumières : Julien Boizard
femmes invitées : Alexandra, Delphine, Isabelle, Aurélie, Florence, Elise, Diane
auteurs : Guadalupe Nettel, Régis Clinquart, Alexandre Gouzou, Arnaud Cathrine, Charles Bösersach, Chloé Delaume, Caroline Hazard
voix : Sarah Pratt
développement informatique : David Deraedt, Vincent Maitray (groupe.regart.net)
Une production ARTE France
Le projet a reçu l'aide à la maquette et l'aide à la production du dicream (ministère de la culture et de la communication). Il bénéficie du soutien du groupe.regart.net dans le cadre d'une résidence de création
Quand
11h - 21h