Joyce Wieland

Artiste pluridisciplinaire, la canadienne Joyce Wieland (1931-1998) se fait un nom dans le milieu du cinéma expérimental à New-York au début des années 1960. Généralement associée à la mouvance structuraliste, son œuvre cinématographique déjoue pourtant toute forme de réduction formelle et échappe aux catégories prédéfinies. Incarnant l’urgence du politique et de l’engagement individuel face au désastre écologique, La Raison avant la Passion (1967-1969), réaffirme la singularité d’une femme artiste, d’une « activiste culturelle » comme elle se définissait elle-même dès la fin des années 1960, reformulant à partir de sa propre expérience l’articulation entre le réel et sa représentation. Complété par le pamphlet cinématographique anti-impérialiste et pacifiste Rat Life and Diet in North America (1968) et l’exposition True Patriot Love à la National Gallery of Art Of Canada d’Ontario en 1971, ce travelogue épique filmé sur deux années à travers l’immensité du paysage canadien est, pour reprendre les termes du peintre et critique d’art américain Manny Farber publiés dans les colonnes d’Artforum en février 1970, « une déclaration d'amour au Canada, fait à la dernière minute avant qu'il ne se transforme complètement en une banlieue américanisée. »

Joyce Wieland, La raison avant la passion (1969, 83’)

Remerciements : Light Cone (Paris)