Cinéma / Vidéo
Tel qu'on le voit / Sorties d'usines
03 déc. 2017
L'événement est terminé
Harun Farocki, Tel qu’on le voit(Wie man sieht), RFA, 1986, DCP (format d’origine : 16 mm), 72’, nb et coul., vostf
Cet essai cinématographique est une étude méticuleuse de « l’industrialisation de la pensée ». À partir d’images apparemment banales, c’est l’idéologie du progrès technologique qui est ici déconstruite. Farocki met en relation l’histoire des technologies, dans l’industrie, la guerre et le colonialisme, la rationalisation du travail et l’ouverture sur de nouveaux marchés. Sont relatés des moments de fracture dans cette histoire : ainsi celui de l’invention de la mitrailleuse et sa relation avec le métier à tisser et la calculatrice. À partir d’une image de mitrailleuse, l’argument évolue en spirale, par répétition et décalage, élargissant toujours le cercle des connections qui relèvent toutes de la logique capitaliste. L’élargissement de ce cercle et la rupture avec la structure narrative classique permet de faire apparaître un autre sens derrière les évidences. S’il y a dénonciation, elle passe concrètement par une analyse, un déchiffrement des images.
« L’histoire de la technique décrit trop volontiers l’évolution du chemin parcouru de A à B, en ligne droite, plutôt que de décrire les autres chemins possibles et ceux qui les refusèrent. » Nathalie Magnan,
Harun Farocki, Sorties d’usines (Arbeiter verlassen die Fabrik), Allemagne, 1995, DCP (format d’origine : Beta SP), 36’, nb, vostf
Harun Farocki est un collectionneur d’images. Partant ici du premier film des frères Lumière, ce film traverse l’histoire du cinéma, à la recherche d’un motif ordinaire autant qu’extraordinaire : les ouvriers à la sortie de l’usine.
« La première caméra de l’histoire était dirigée sur une usine, mais un siècle plus tard on peut dire que l’usine a plutôt rebuté qu’attiré le cinéma. Le film ouvrier n’est pas devenu un genre majeur, l’esplanade de l’usine est restée une scène secondaire. La plupart des films de narration se déroulent dans une vie qui se détourne du travail. Tout ce qui assure la supériorité du travail industriel sur d’autres modes de production – la décomposition des activités en gestes élémentaires, la répétition incessante des opérations, un degré d’organisation qui ne laisse à l’individu aucun pouvoir de décision ni aucune marge de manœuvre –, tout cela semble fermer la porte aux péripéties de l’existence. » Harun Farocki, Trafic, n. 14, printemps 1995
Quand
17h30 - 19h15