Exposition / Musée
Fred Deux
L'alter ego
10 avril - 14 juin 2004
L'événement est terminé
Quelque 80 dessins et deux albums de ce dessinateur écrivain qui vient de consentir une donation au Musée. Un parcours singulier, où dessins et textes sont étroitement liés. L'accent est mis sur son travail récent. L'oeuvre de Fred Deux répond à une quête constante de désencombrement. Durant sa première jeunesse, il se heurte au "mur" de la cave. La rencontre avec l'art ouvre la "brèche" et découvre la dimension poétique au coeur même de ce qui n'était que réalité sordide.
Le Centre Pompidou présente quelque 80 dessins et deux albums du dessinateur-écrivain français Fred Deux, qui vient de consentir une donation au Musée. Un parcours singulier, où dessins et textes sont étroitement liés.
L'oeuvre de Fred Deux répond à une quête constante de désencombrement. Durant sa première jeunesse, il se heurte au "mur" de la cave. La rencontre avec l'art ouvre la "brèche" et découvre la dimension poétique au coeur même de ce qui n'était que réalité sordide. Dès lors, à travers une narration parlée, écrite ou dessinée, il n'aura de cesse de se libérer au fil du temps de cet enfermement initial. C'est parce que son oeuvre tout comme sa vie sont entièrement traversées par un "désir de s'illimiter" que la figure du double y appparaît comme un élément essentiel. Comme si toutes les "nouvelles marches" que Fred Deux entreprend n'étaient que des tentatives sans cesse renouvelées, de s'approcher, sans jamais pouvoir l'atteindre, de cet autre "alter ego" qui est en lui-même.
Né en 1924 à Boulogne-Billancourt, Fred Deux est issu d'une famille ouvrière modeste. A partir de 1948, à Marseille, travaillant dans une librairie, il découvre la littérature, les oeuvres de Bataille, Cendrars, Aragon, Miller et Sade.
Avec quelques lecteurs, il fonde le sous-groupe des surréalistes de Marseille. A la même époque, la découverte de l'oeuvre de Paul Klee constitue une véritable révélation. Il commence alors, avec de la peinture laque pour bicyclette, à réaliser ses premières taches sur papier. Les oeuvres de la première période (de 1949 à 1958), surnommées parfois les "kleepathologies" sont caractérisées par la prédominance de taches qui envahissent la surface du papier. De celles-ci émergent progressivement des figures tracées à l'encre de Chine. Parallèlement, il s'essaie à différentes technniques surréalistes : collages, empreintes, frottages.
En 1951, installé à Paris, il rencontre Cécile Reims qui deviendra sa commpagne. Il fait la connaissance d'André Breton et fréquente les surréalistes dont il s'écartera en 1954. En 1953, la librairie-galerie Le Fanal présente sa première exposition personnelle. En 1957, alité Fred Deux se met à taper La Gana qu'il publie en 1958 sous le pseudonyme de Jean Douassot. Ce roman est le premier d'une longue série d'écrits largement autobiographiques, dont le dernier manuscrit Entrée de secours, constitue le prolongement et la fin de Continuum, publié en 1999.
A partir de 1962 c'est la série des Otages. Se sentant "otage de lui-même, otage des autres", il dessine d'un crayon acéré des formes incertaines appartenant au monde des limbes, prolifération de cellules qui se désagrègent sur un fond d'aquarelle frotté à la cire. Plus tard, il réalise au crayon sur papier Japon nacré des dessins qui relèvent de l'organique et du viscéral, ossements, nodules, spirales tubulaires qui préludent au cycle des Spermes Noirs et des Spermes Colorés où le "corps intérieur" devient éclaboussure.
En 1962 il entame, à l'aide d'un magnétophone, l'enregistrement du récit de sa vie. Dès 1966, il se met à prendre des notes sur la feuille avec laquelle il protège le dessin en cours, comme pour répondre à l'"appel du papier". Ce texte, qui va accompagner presque systématiquement le dessin, n'est jamais un simple commentaire, mais plutôt un discours parallèle à l'oeuvre graphique. Cette coexistence de l'écriture et du dessin trouve, à partir de 1977, sa forme la plus achevée dans les "livres uniques" (La Malemort, 1980).
Au début des années 80, Fred Deux réalise au crayon de grands Autoportraits, des Passions, qui le conduiront, à partir de 1982, à des dessins de grand format peuplés d'êtres fantasmagoriques, figures du double, figures des autres (Processions des existants, les Milç, les Remz, l'Alter ego). Les oeuvres graphiques développent une cartographie figurative d'une "êtreté" hybride, inquiétante et latente : tout à la fois pétrifiée et proliférante, mémoriale et inédite, c'est une figuration magique, mythographique, et à l'intégrité menaçante et menaçée, véritablement fantomale. Figuration hallucinatoire que l'on pourrait peut-être rattacher au dernier surréalisme.
Après un retour progressif à l'aquarelle au cours des années 90, la couleur, larges "taches" de peinture ou de laque, s'impose dans les toutes dernières oeuvres.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis