Palmarès Phonurgia Nova 2008

Les oreilles écarquillées

Arles est depuis 1986 terre de découvertes sonores à travers le concours Phonurgia Nova : une compétition internationale qui mobilise tous les créateurs sonores et radiophoniques. À chaque édition, un jury se réunit pour récompenser ces artistes qui font avancer le son comme art/média. Les 13 et 14 décembre 2008, 36 productions finalistes ont été départagées parmi 289 productions reçues de 19 pays. Comment retrouver le fil d'Ariane ? Quelles approches sonores de l'image, des installations et de la radio distinguer dans cette énorme pelote de sons, qui s'adresse à l'imaginaire de l'auditeur : documentaires radio, fictions, collages, paysages capturés ou créés de toutes pièces, dispositifs combinant « images sonores » et « images visuelles ».

Pour la première fois ouvert au public arlésien, ce jury fut réellement pendant deux jours « un observatoire de l'art sonore et non un conservatoire des formes héritées du passé » comme l'a très justement souligné son président, le réalisateur Daniel Deshays.

Comme l'année dernière, La Semaine du Son présente à l'Ircam les lauréats du concours Phonurgia Nova. Des auteurs à découvrir, qui renouvellent l'approche de la création radiophonique et sonique.

Le jury adresse un vibrant bravo aux lauréats et à l'ensemble des participants de ce concours.

- PRiX D´ART SONORE ET RADiOPHONiQUE

Premier prix

Fire Pattern-Frost Pattern

Andreas Bick (Allemagne)

Produit par Deutschlandradio Kultur.

Première diffusion le 3 novembre 2006 (Frost Pattern) et le 8 novembre 2007 (Fire Pattern).

(2 x 26 min.) (dotation : 3 000 euros, attribués par la SACD)

L'oeuvre d'Andreas Bick se distingue par la qualité remarquable de sa prise de son. S'approchant au plus près des phénomènes qu'il veut évoquer (la sublimation de l'eau, l'embrasement, le gel, les craquements de la glace polaire), il en tire une matière sonore puissante. Ses deux pièces mettent l'auditeur en position d'observateur patient et subjugué par les forces naturelles.

Second prix

Summer Fragments

Bernadette Johnson (Suisse)

(5 min.) (dotation : 1 500 euros, attribués par la Sacem)

Bernadette Johnson a été distinguée à plusieurs reprises par le concours Phonurgia Nova, mais c'est la première fois qu'elle accède à un grand prix. Son travail se caractérise par une recherche - et une expression très réussie - de l'intériorité. Le raffinement et l'audace du montage, le choix des sons et leur traitement, permettent à l'auteur d'élaborer une « forme-écho », une magnifique métaphore de la mémoire, de l'agencement instable des souvenirs.

- PRiX NOUVEAUX MÉDiAS/iNTERMÉDiA

Pas de prix cette année, mais deux mentions spéciales à l'unanimité du jury :

Christoph Korn et Lasse-Marc Riek (Allemagne) pour leur livre Series invisible, un album de

« silences choisis ». Proposition conceptuelle que ce petit livre qui pointe, page après page, vers un lieu, un événement, laissant au lecteur le soin de réfléchir et d'imaginer les sons « qui ont eu lieu ». Le silence comme creux, de l'apparition, comme marqueur d'une disparition, comme « vision ».

Laura Malacart pour son film Voicing.

En donnant à lire le témoignage d'immigrés sur leur phase d'apprentissage de la langue à des acteurs parfaitement anglophones, Voicing réussit à créer un éventail d'interprétations dans un petit espace de temps et avec un dispositif très simple. Cette incarnation, d'où le stigmate (l'imparfaite maîtrise de la langue) est gommé, est une invitation à la tolérance et à la bienveillance.