Débat / Rencontre
Télévision 5
13 janv. 2008
L'événement est terminé
Temps réel, différé ou rediffusé, images et information disposées en flux, architectures de l'information (le plateau télé, dispositif de langage et de discours) représentent les constituants nécessaires et suffisants de la télévision, pour la production et la reproduction du réel. La télévision constitue également, dans le contexte numérique élargi au web, un outil et système de navigation dans l’information en temps réel, en fabriquant des espaces et du temps sans commencement ni fin. Il s’agira d’interroger à nouveau les notions de "dispositif télévisuel", "d’émission", d’espace politique et de communautés de spectateurs, à l’aune du présent.
"Jean Frapat, inventeur de dispositifs" : que recouvre ce terme de dispositif, par ailleurs utilisé également dans le domaine juridique, économique, militaire? Un dispositif est un certain type d'organisation spatiale, signifiante, temporelle, pour produire des effets de persuasion, de réception.
On connaît la fortune critique de cette notion, des textes de Michel Foucault, à ceux de Giorgio Agamben, pour lesquels les dispositifs sont des "stratégies de rapports de force supportant des types de savoir, et supportés par eux".
Deux grands domaines esthétiques et techniques en font grand usage : le cinéma et la télévision, selon des acceptions différentes. Pour la télévision, la notion de dispositif renvoie à une architecture - le plateau télé -, à des situations de parole.
Les dispostifs télévisuels relèvent bien de ce que Noël Nel désigne comme "le dispositif pragmatique de l'agir télévisuel : protéïforme, le "dispositif
" désigne un enchâssement de multiples niveaux de langage ou de données, contribuant à la mise en place d'une rhétorique du pouvoir: au plan économique, des techniques, du montage, de la polyphonie énonciative, de la construction des mondes symboliques. A la télévision, l'énonciation est une énonciation présentatrice, qui implique une présence corporelle et une prise de possession de l'espace, un déplacement des positions, entre acteurs, téléspectateur, présentateur...
Au cinéma, au contraire, la notion de dispositif désigne un ensemble signifiant différent, lié à la nature projective de l'image. Le dispositif de la projection est un dispositif voyeuriste, cyclopéen, et racontant, déterminant des phénomènes d'identification à la narration, qui n'ont rien à voir avec l'identification du téléspectateur à la parole.
De 1969 à 1981, Jean Frapat a élaboré un univers télévisuel inédit, sous la forme de l'invention de dispositifs diversifiés et complexes. Parmi les réalisateurs de sa décennie qui surent mettre en œuvre une télévision de création et de recherche, Jean Frapat a exploré jusqu'à leurs propres limites des formes de représentations télévisuelles, avec l'élaboration de dispositifs réflexifs. "Dès lors, le dispositif de l'émission s'apparente à un jeu d'observation dont les participants sont les spectateurs, qui mesureront les écarts entre la réalité et sa transposition grâce à la genèse d'une double interprétation : celle du sens par l'auteur, celle de sa lettre par les acteurs." (François Jost)
Ces dispositifs - que Jean Frapat nomme des "prototypes" - sont des constructions de modèles, des sortes de numéro zéro d'émission à l'échelle 1.
7 dispositifs majeurs :
Vocations (1969) - Première chaîne
Tac au tac (1969) - deuxième chaîne / (1975) première chaîne
Boîte à malices (1972, 1973) - première chaîne
Réalité fiction (1973-1974) - troisième chaîne / (1977) - A2
Les grandes personnes (1978) - TF1
Les Enthousiastes ( 1979-1981) - A2
Télétests (1980-1981) - FR3
Avec l'ensemble de ses créations télévisuelles, Jean Frapat a pensé dans un même mouvement la modélisation de nouveaux formats d'émission, en proposant une analyse des codes du langage télévisuel, à travers un traitement spécifique du temps.
Les émissions déconstruisent le processus de production des images, en mettant à plat toutes les couches de sens, en multipliant les niveaux de signification qui résultent de l'intrication du réel, de la fiction et leur interprétation.
Jean Frapat explore les formes de scénarisation du réel dans les médias et des médias dans le réel. Dans cette perspective, ses dispositifs portent sur la représentation de la représentation, en plaçant en miroir cinéma et télévision.
Les éléments qui constituent le vocabulaire que Jean Frapat mobilise dans ses
Critique, réalisateur, producteur, scénariste, André S.Labarthe a également inventé des dispositifs télévisuels pour le cinéma : Cinéastes de notre temps, Cinéma, cinémas notamment. Il a participé à l'une des créations télévisuelles de Jean Frapat : Télétests en 1980 et en 1981, pour trois épisodes portant sur la rumeur, sur le vrai et le faux, l'image silencieuse.
La séance du 13 janvier évoquera l'oeuvre de Jean Frapat, à partir de documents télévisuels que André S. Labarthe commentera, pour mettre en exergue les aventures et les expériences de la fictionnalisation en jeu et interactives - puisqu'elles impliquent la présence et l'attention du téléspectateur - dans les créations de Jean Frapat.
Pascale Cassagnau
-Les Grandes personnes, Olivier Todd et Sophie, 24 juillet 1978, 40' (in extenso)
-Boîte à malices, 2 juin 1973, (12' extrait)
-Télétests, 14 septembre 1980, 21'23'' (in extenso)
-Télétests, 28 septembre 1980, 10' (extraits)
Quand
À partir de 18h