Cinéma / Vidéo
L'Apollonide, Souvenirs de la maison close
précédé d'un entretien de France Culture avec Bertrand Bonello
10 oct. 2014
L'événement est terminé
L'Apollonide, Souvenirs de la maison close
de Bertrand Bonello
France, 2011, 125', 35 mm, coul., interdit au moins de 12 ans à sa sortie en salles
avec Hafsia Herzi, Céline Sallette, Alice Barnole, Adèle Haenel, Noémie Lvovsky, Jasmine Trinca, Iliana Zabeth, Judith Lou Levy, Anaïs Thomas, Pauline Jacquard, Maïa Sandoz, Joanna Grudzinska, Esther Garrel, Jacques Nolot, Xavier Beauvois, Louis-Do de Lencquesaing, Laurent Lacotte
À l'aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d'une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s'organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs. Du monde extérieur, on ne sait rien.
Séance en présence de Bertrand Bonello
« "Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon / Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse." On pense souvent à l'ondulation rêveuse, crépusculaire et grandiose de Baudelaire dans ses Fleurs du Mal en s'enfonçant dans les galeries de la maison close L'Apollonide. Même sentiment d'élasticité du temps, d'apesanteur fardée de mélancolie asphyxiante. "Ce n'est pas sans raison que Baudelaire a associé l'obsession de l'esclavage érotique et l'illumination spiritualisée, incluant le baiser, le parfum et la conversation dans la même notion d’immortalité", écrit Théodore Adorno sur le poète spleenétique. La "putain", la "femme entretenue" est livrée sans réserve au commerce légal de la prostitution dans les lourds taffetas de la maison de tolérance, mais son corps hygiénique est scellé sur un mystère qui ne se laisse pas même deviner. Si bien que les salons et les chambres de l'Apollonide sont comme les cryptes mystiques d’une révélation qui ne veut pas venir. Partout sur les murs dansent les ombres gigantesques des allégories morales, le Remords, la Colère, l’Ennui. Le temps ne s’écoule plus, il stagne, lac noir aux vaguelettes répétitives, c’est l’éternel présent du plaisir tarifé.»
Didier Péron, Libération, 21 septembre 2011
Quand
19h - 23h