Débat / Rencontre
Boiffard surréaliste
Parole aux expositions
14 janv. 2015
L'événement est terminé
Ce colloque se propose de renouveler l'approche critique d'une oeuvre encore peu connue.
C'est à l'œuvre fulgurante de Jacques-André Boiffard, restreinte dans la durée comme dans le nombre, qu'est dédiée l'exposition inaugurale de la nouvelle galerie de photographies, un nouvel espace dédié à la présentation des collections photographiques du Centre Pompidou. Dévoilé à travers une sélection de soixante-dix photographies, son travail est l’un des plus authentiquement surréalistes. André Breton a publié ses images dans Nadja, puis Georges Bataille dans la revue Documents. Ce colloque se propose de renouveler l’approche critique d'une œuvre encore peu connue.
Avec :
Clément Chéroux (commissaire de l’exposition)
Introduction
Damarice Amao (co-commissaire de l'exposition)
Vers une nouvelle histoire de la photographie de l’entre-deux-guerres ?
"Un corpus d’images limité, une carrière courte, une pratique éclectique, un goût assumé pour la discrétion, telles sont les caractéristiques de l’œuvre et de l’itinéraire du photographe surréaliste Jacques-André Boiffard. Aussi, malgré l’élévation de certaines de ses images au statut d’icônes surréalistes, les histoires de la photographie et de l’art ont éprouvé pendant longtemps des difficultés à appréhender Boiffard pour lui-même, comme sujet d’étude ou d’exposition à part entière au contraire d’autres photographes surréalistes tel Dora Maar ou Man Ray. Cette communication s’attachera donc à s’interroger sur les difficultés posées par le cas Boiffard en particulier dans le contexte muséal. Nous nous attacherons à montrer la manière dont l’étude de ce photographe permet d’envisager de nouveaux récits sur le champ photographique parisien de l’entre-deux-guerres." DA
Sophie Berrebi (historienne de l’art, critique et commissaire d’expositions)
Boiffard/ Moulène: Qu'est-ce qu'un document ?
"Qu’est-ce qu’un document dans le champ de l'art contemporain ? Pourquoi les artistes recourent-ils à ce terme au-delà de productions ouvertement documentaires reçues en héritage des pratiques conceptuelles des années 1960 ? Le travail de Jean-Luc Moulène, chez qui le terme revient souvent comme titre ou description de séries d’images peut aider à répondre à ces questions, tout comme l’importance que revêt pour lui certaines images (photographies?) surréalistes, en particulier celles de Jacques-André Boiffard, publiées dans Nadja ou dans Documents. Interrogeant en vis-à-vis les pratiques de Moulène et de Boiffard au regard des réflexions modernes et contemporaines menées sur le statut du document, notamment par Marc Bloch et Walter Benjamin cette conférence aborde le document comme forme critique susceptible d’interroger le statut d’œuvre et le rôle de l’art dans le monde contemporain." SB
Michel Poivert (professeur d’histoire de la photographie, Paris 1 Sorbonne)
Jacques-André Boiffard, la photographie, la médecine et le surréalisme
"Les photographies de Boiffard témoignent à leur manière du rôle essentiel joué par l'imaginaire scientifique dans le surréalisme. A partir de ce corpus, il est possible d'effectuer une synthèse des nombreuses sources que représente l'iconographie médicale pour le groupe surréaliste. S'agit-il ici de simples déplacements poétiques ou bien l'univers médical a-t-il joué un rôle plus central dans le surréalisme ? En repartant du célèbre autoportrait de Breton en savant, nous verrons que la figure du médecin et les productions photographiques de ses pratiques sont loin d'être anecdotiques et contribuent au modèle des révolutions scientifiques qui a marqué le surréalisme. Que des figures centrales du surréalisme aient été formé à la médecine n'est pas alors anodin, et que la photographie constitue un lien prégnant entre surréalisme et science est avéré; dès lors l'œuvre de Boiffard prend une place centrale dans l'histoire du mouvement." MP
Andrea Zucchinali (chercheur en histoire de la photographie)
Le corps en morceaux
"Le corpus photographique de Jacques-André Boiffard, tel qu’il nous est parvenu, suscite une certaine perplexité due à l’hétérogénéité des matériaux qui le composent, comme si nous nous trouvions face à un chantier ouvert. Mais c’est en prenant acte de cette fragmentation que nous pouvons trouver que c’est bien là que réside sa capacité à saisir certains aspects symptomaux de son époque, nous livrant un certain nombre d’images, des corps en morceaux, devenues entre-temps – ce qui n’est pas un hasard – des icônes du surréalisme." AZ
Simon Baker (conservateur, département de la photographie, Tate Modern)
Pygmalion and the Sphinx : Bronze is for Third Place)
"Cette communication traitera de l’usage des photographies de Boiffard dans la revue Documents. Elle débutera par une analyse de la place des photographies dans le projet éditorial et rhétorique, en lien avec le concept de valeur d’usage de l’image chez Georges Bataille. L’intervention portera principalement sur l’essai de Robert Desnos « Pygmalion et le Sphinx ». En analysant précisément ce texte, les discours de l’époque portant sur la sculpture publique, et les photographies de Boiffard, nous considérerons cet essai comme une critique du bronze qui, à l’aune du « bas matérialisme », vise à réévaluer le statut de ce matériau." SB
Georges Didi-Huberman (historien de l’art et philosophe, Ehess)
Sensation, intensité, disproportion
Table ronde dirigée par Franca Franchi (professeur à l’université de Bergame)
En partenariat avec l’Université de Bergame, Italie
A l’occasion de l’exposition Jacques-André Boiffard, la parenthèse surréaliste
Quand
À partir de 11h
14h30 - 3h30, tous les mercredis