Performer, enregistrer

Si la performance se définit notamment par une série de déplacements des pratiques artistiques, entraînant l’abolition des limites physiques, disciplinaires, morales et psychologiques entre l’art et la vie, l’enregistrement d’une performance opère un nouveau déplacement, celui d’un art vers un médium.

La performance glisse vers la photographie, le cinéma, la vidéo ou le numérique. Enregistrer la performance ne consiste pas juste à documenter celle-ci, mais à déplacer, reconditionner et redéfinir la performance. De plus, un second déplacement se produit. L’enregistrement de la performance modifie en effet le rapport de l’artiste à son public. Regarder la performance sur un écran met à distance (géographique et temporelle) le public et neutralise toute intervention possible de sa part. L’enregistrement de la performance transforme alors le spectateur en voyeur qui est amené dans un autre espace-temps que celui de la performance, celui du cinéma et de la vidéo. Suite à ces deux types de déplacements, l’image enregistrée s’en trouve transformée. Car l’enregistrement transforme la performance en image performative.

Hans Namuth,Jackson Pollock 51, 1951, film 16mm, couleur, sonore, 09’33’’

Chris Burden, Documentation of selected works, 1971-74, vidéo, noir et blanc, couleur, sonore, 35’ (extrait « Shoot »)

Chris Burden, Documentation of selected works, 1971-74, vidéo noir et blanc, couleur, sonore, 35’ (extrait « Velvet Water »)

Bruce Nauman, Dance or Exercise on the Perimeter of a Square, 1967-68, film 16 mm, noir et blanc, sonore, 8’07’’

Vito Acconci, Three Frame Studies, 1969-70, vidéo, couleur, sonore, 10’58’’ (extrait « Push »)

Carolee Schneemann, Body Collage, 1967, vidéo, noir et blanc, silencieux, 03’52’’

Babette Mangolte, Watermotor, 1978, film 16 mm noir et blanc, silencieux, 7’55’’

La Ribot [Maria Ribot, dit], Mariachi 17, 2009, fichier numérique, couleur, sonore, 29’59’’ (extrait)

Jochen Gerz, Crier jusqu’à l’épuisement, 1972, vidéo noir et blanc, sonore, 19’33’’ (extrait)

Joan Jonas, Left Side / Right Side, 1972, vidéo, noir et blanc, sonore, 8’55’’

Dieter Appelt, Image de la vie et de la mort, 1981, film 16 mm, noir et blanc, sonore, 4’