Hors les murs
Braque - Laurens
Un dialogue
21 oct. 2005 - 30 janv. 2006
L'événement est terminé
Le Musée des Beaux-Arts de Lyon consacre, en collaboration avec le Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, une exposition à deux artistes majeurs du XXème siècle, le peintre Georges Braque (1882-1963) et le sculpteur Henri Laurens (1885-1954). Établi à Montmartre à partir de 1911, Henri Laurens se lie avec Georges Braque et entretient avec lui une profonde et décisive amitié. De Braque, il reçoit la révélation du cubisme, nourri de l'exemple de Cézanne. L'exposition propose un regard croisé sur l'oeuvre de deux artistes qui n'ont cessé tout au long de leur vie de dialoguer.
Le Musée des Beaux-Arts de Lyon consacre, en collaboration avec le Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, une exposition à deux artistes majeurs du XXème siècle, le peintre Georges Braque (1882-1963) et le sculpteur Henri Laurens (1885-1954). Établi à Montmartre à partir de 1911, Henri Laurens se lie avec Georges Braque et entretient avec lui une profonde et décisive amitié. De Braque, il reçoit la révélation du cubisme, nourri de l'exemple de Cézanne. L'exposition propose un regard croisé sur l'oeuvre de deux artistes qui n'ont cessé tout au long de leur vie de dialoguer.
L'exposition est conçue autour des collections du Musée national d'art moderne et du Musée des Beaux-Arts de Lyon. Elle s'inscrit dans la série des expositions « hors-les-murs », initiée en 1997 par le Centre Pompidou. Lyon figurait déjà parmi les villes partenaires de cet ambitieux programme, avec l'exposition Matisse (1998). Le Musée national d'art moderne possède actuellement un des ensembles les plus importants d'œuvres de Braque, provenant notamment du don de la veuve de l'artiste en 1964, avec une section fauve et cubiste renforcée par la donation Louise et Michel Leiris en 1984. C'est grâce à la grande donation faite par son fils Claude en 1967 que l'œuvre de Laurens se trouve désormais bien représentée dans les collections publiques françaises.
Outre le Centre Pompidou, d'autres collections publiques et privées ont été sollicitées en France (Grenoble, Saint-Paul de Vence, Vézelay, Villeneuve d'Ascq) en Europe et aux Etats-Unis (Houston, Londres, Ulm) pour compléter et enrichir de nuances cette confrontation de cent quarante œuvres. Soulignons enfin que Braque et Laurens sont tous deux présents dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Lyon : le premier avec l'un de ses chefs-d'œuvre du cubisme analytique, le Violon (1911) offert en 1954 par l'un de ses grands collectionneurs, le bâlois Raoul La Roche, et par un autre tableau emblématique de son œuvre, la Femme au chevalet (1936), entré en 1997 grâce à la générosité de Jacqueline Delubac. Laurens, quant à lui, se glisse dans la collection lyonnaise, d'abord modestement par l'achat d'une lithographie en 1951, puis d'une sculpture en terre cuite, Femme assise (1931), acquise en 1958.
L'exposition est articulée autour de six moments de la création des deux artistes :
Braque : du fauvisme au cubisme
Lié à Othon Friesz et à Raoul Dufy qu'il rencontre au Havre et qu'il rejoint à Paris dans l'atelier de Léon Bonnat à l'École des Beaux-Arts, Braque s'engage dans le fauvisme après avoir vu des œuvres d'Henri Matisse et d'André Derain au Salon d'Automne de 1905. Mais il ne tarde pas à prendre ses distances avec ce mouvement suite à deux faits marquants : la découverte de l'œuvre de Cézanne au Salon d'Automne de 1907 et sa rencontre avec Pablo Picasso, dans l'atelier de ce dernier, au moment où celui-ci peint Les Demoiselles d'Avignon (1907, New York, Museum of Modern Art) auquel son Grand Nu (1907-1908) est comme une réponse. De l'été 1908 datent ses premières recherches cubistes, d'abord sur le thème du paysage, avant qu'il n'étende la dissection analytique de la forme aux natures mortes en 1910, puis aux figures en 1911. Par son adhésion au fauvisme et ses recherches cubistes en compagnie de Picasso, Braque fait figure d'aîné pour le jeune sculpteur qu'est Henri Laurens.
Trompe-l'œil/Collage/Construction : le dialogue 1912-1919
C'est en 1911 que naît l'amitié entre Braque et Laurens. Les liens de leurs compagnes et leur installation commune à Montmartre favorisent la rencontre entre les deux artistes. La rivalité créatrice avec Picasso a déjà conduit Braque à introduire de nombreuses innovations dans la pratique cubiste : lettres peintes au pochoir, pigments mélangés à du sable, imitations de bois et de marbre La création de sculptures en papier en 1912 le conduit à l'invention du papier collé (Nature morte sur la table, 1914). Le papier faux - bois expérimenté dans le collage ne tarde pas à être feint ou imité en peinture (Compotier et cartes, Femme à la guitare, 1913). Cette invention séduit vite Laurens qui, saisi par la plasticité du carton ondulé, est le premier à l'introduire dans les collages (Tête de femme, 1918). Après le départ de Braque à la guerre, Laurens semble prendre le relais de son aîné. Ses premières œuvres déclinent le même vocabulaire géométrique, jouant également sur les propriétés du plan, à la fois dan s les papiers collés et dans les constructions (voir les variations sur le thème des têtes et des Bouteilles de Beaune). Autre échange entre les deux artistes, la nature morte que l'un et l'autre traitent selon les exigences du cubisme synthétique (Laurens, Compotier de raisins, 1918, coll. part ; Braque,
Guitare et compotier, 1919).
Les années vingt : le retour à l'ordre
Sans cesser d'être fidèle à l'austérité descriptive du cubisme, Braque opère au cours de cette décennie un changement notable. Son adhésion à ce que les historiens de l'art définissent comme un « retour à l'ordre » se manifeste dans le choix de traiter à partir de 1922 des figures féminines, des Canéphores évoquant les porteuses d'offrandes de l'Antiquité grecque. Par leur monumentalité, ces figures sont alors révélatrices d'une résurgence de la référence classique que l'avant-garde française - de Picasso à Derain - explore au même moment. L'adhésion de Laurens au retour à l'ordre n'a jusqu'alors guère été étudiée. Laurens abandonne peu à peu la stricte géométrie de ses natures mortes pour leur préférer la figure féminine, également inspirée de l'Antiquité, telle la Cariatide de 1929.
Métamorphoses : les années 30
La nature et ses métamorphoses s'impose comme un des thèmes essentiels dans l'œuvre de Braque et de Laurens à la fin des années vingt. L'imaginaire surréaliste y prend sans doute sa part. À ce moment, Braque s'installe à Varengeville sur la côte normande, Laurens près de la forêt de Marly. Dans ce dialogue qui se tient désormais à distance, c'est la vie des formes qui intéresse l'un et l'autre. Les métamorphoses de l'élément végétal et du monde marin, manifestes chez Laurens dans La Vague (1932), L'Océanide (1933) et Les Ondines (1933) font écho dans l'œuvre de Braque aux métamorphoses de la ligne et de la couleur, comme on peut le voir dans la Nature morte à la nappe rouge (1934, coll. part.), la Femme au chevalet (1936, Lyon, Musée des Beaux-Arts) ou encore Le Guéridon rouge (1939).
Les années 40 : repli et approfondissement
Pour les deux artistes, la guerre est synonyme d'austérité et de repli : Braque peint des natures mortes, de petit format, aux couleurs éteintes (Les poissons noirs, 1942) et des intérieurs sombres dont la fenêtre est parfois la seule ouverture sur le monde (La toilette devant la fenêtre, 1942). Le Grand Intérieur à la palette (1942, Houston, The Menil Collection), Le Salon et Le Billard (1944), construits autour de la représentation d'une pièce entière, annoncent déjà la série des Ateliers. Cette attitude de tristesse et d'accablement se retrouve aussi chez Laurens dans les figures concentrées, repliées sur elles-mêmes de L'Adieu (1941) et du Matin (1944). En écho à la Libération, ses statues de femmes se redressent. Reposant sur une savante combinaison de pleins et de vides, elles sont aussi un hymne à la beauté de la vie (La Chevelure, 1946 ; La Grande Baigneuse, 1947).
Œuvres ultimes
Les années cinquante, chez Laurens, sont évoquées par deux séries importantes de dessins qui montrent le corps féminin dans toutes ses attitudes : dans les uns, la figure naît d'une ligne continue parcourant tout l'espace de la feuille, dans les autres, des hachures, une ombre ou une couleur se surimposent parfois au corps représenté. Ces formules sont reprises dans l'une des sculptures de la fin de sa vie, Les deux sœurs (1951). Au même moment, Braque reprend le thème de la figuration d'un intérieur, en fait le lieu de travail du peintre, dans sa célèbre série d'Ateliers (Atelier VI, 1950-1951, Saint-Paul de Vence, Fondation Maeght). S'y révèle une véritable quête vers la conceptualisation de l'espace, au moyen de l'interpénétration des différents éléments qui le compose. Apparu dans la série des Ateliers, repris dans le décor du plafond réalisé pour le Louvre (1952), le thème de l'oiseau prend une signification particulière à la suite du décès de Laurens (1954), en particulier dans deux toiles aux quelles l'artiste était particulier attaché, L'oiseau dans son nid (1955) et A tire-d'aile (1956-1961). Ultimes pensées adressées à son ami avec qui il avait traversé, dans un dialogue ininterrompu, la moitié du siècle.
Quand
10h - 18h, tous les jours sauf mardis
Où
Lyon - Musée des Beaux-Arts, Lyon