Cinéma / Vidéo
Camera Britannica 2
09 mai 2012
L'événement est terminé
Si l'exercice de la contemplation peut être interprété comme une posture romantique, son renversement par la mise en scène en fait quelque chose de résolument spectaculaire. Le paysage contemporain – habité par ses légendes chez Derek Jarman et Jessica Warboys, collecté et fragmenté pour Charlotte Moth, en danger chez Gustav Metzger – devient le lieu d'un engagement envers le monde. Séance présentée par Marie Canet et Mathieu Copeland.
S'il y a d'un côté une forme de romantisme qui survit dans l'exercice de la
contemplation (dans l'influence du pictural et du pittoresque) ; et si d'un
autre côté le cabaret, la mise en scène renversent la contemplation en son
contraire spectaculaire, c'est bien parce qu'il n'y a pas d'opposition entre
mélancolie et délectation. Le cinéma de paysage contemporain est lui-même la
traduction moderniste, formelle et impressionniste, d'un héritage
dixneuviémiste décomposé au profit d'un engagement politique envers le monde,
l'histoire, la réalité, la nature. Ici, le retournement théâtral prend forme
dans la destruction, la réduction, la magie et le feu.
Journey to Avebury
Derek Jarman, 1971, 10'30, 16mm, coul., son.
Jarman se définissait comme un homme appartenant à la fois à la Renaissance et
à l’époque contemporaine. Entre radicalité et tradition, activisme et
fascination pour le passé, il avait fait de cet espace historique le territoire
de ses explorations. Film de paysage, Journey to Avebury révèle l'attirance
profonde de Jarman pour la magie et le mystère ; il a été tourné sur le site
néolithique d'Avebury dans le sud de l'Angleterre, dont les mégalithes et les
menhirs, vestiges de rites antiques observeraient un alignement astronomique.
Derek Jarman est né en 1942 à Northwood (Royaume-Uni) - décédé en 1994 à
Londres
Stone Throat
Jessica Warboys, 2012, 5', 16mm transféré sur HD, coul., son.
Jessica Warboys expose des toiles photosensibles au clair de lune, immerge des
grands formats recouverts de pigments dans la mer et laisse l’eau et le vent
s'y déployer en motifs colorés. Réinvention performative de la tradition
picturale des marines, les Sea Paintings (depuis 2010) réintroduisent de la
magie dans les processus de l'impression et de l'enregistrement. Comme la
mémoire ou le langage, ils ont le pouvoir de projeter comme de transférer.
Stone Throat, tourné sur l'île volcanique de Stromboli fait référence à la
légende qui voudrait que le rocher Strombolicchio soit le sommet du Stromboli
projeté au milieu de la mer lors d'une irruption violente
Camera : Ville Piippo; son : Morten Norbye Halvorsen; assistante : Ieva
Kabasinskaite
Jessica Warboys est née en 1977 au pays de Galles, elle vit et travaille entre
Londres et Paris.
Study for 16mm film
Charlotte Moth, 2011, 11'30, 16mm transféré sur vidéo, coul., muet.
En 1999, Charlotte Moth a entrepris la constitution d'une base d'images
photographiques intitulée Travelogue. Cet ensemble regroupe des représentations
d'architectures, des paysages, des éléments décoratifs, lieux et objets à
l'obsolescence déclarée ou à venir. De nature fragmentaire, cette archive est
ouverte dans ses prolongements comme dans ses usages. Study for 16mm film
pourrait être en ce sens le bal du dysfonctionnement : des d'objets cassés ou
qui ne fonctionnent pas tombent sur une musique absente.
Charlotte Moth est née en 1978 à Carshalton (Royaume-Unis), elle vit et
travaille à Paris
Midnight-De-construction
Louis Benassi, 2003-2010, 21', video, coul., son.
Dans Midnight-De-construction, Louis Benassi se munit d’une hache et d’un
marteau pour détruire le produit d’années de recherches artistiques. Admettant
la faillite de son propre système, il nourrit sa performance d’un discours
critique sur l’art et sa fonction, sur l’artiste et son orgueil. La
destruction, en réponse à des contradictions esthétiques issues de problèmes
stylistiques et idéologiques insurmontables, est un acte intime, perpétré de
nuit.
Louis Benassi est né en 1961 à Glasgow, il vit et travaille à Londres
Auto Destructive Art – the activities of G.
Harold Liversidge, 1963, 8', 16mm transféré sur vidéo, nb, muet
Power to the people
Chris Hammonds, 2003, 20’, video, coul., son.
En 1959, Gustav Metzger publie son manifeste pour un art "auto-destructif" en
réponse à la menace omniprésente de guerre nucléaire. C'est un art pensé comme
un catalyseur des violences faites à la nature et à l'homme par la
surproduction et la consommation de masse. Il écrit en 1961 : "L'art
autodestructif démontre la puissance de l'homme à accélérer le processus de
désintégration de la nature et à le mettre en œuvre". Auto Destructive Art –
the activities of G. est un film sur sa célèbre performance South Bank
Demonstration, réalisée pour la première fois en 1961. Durant cette
manifestation, Metzger porte un masque à gaz et pulvérise de l'acide
chlorhydrique sur des draps de nylon, utilisant le produit comme un médium
pictural.
Au début des années 1990, Gustav Metzger commence une série intitulée
Photographies historiques (Historics photograph) pour confronter le spectateur
à l'épaisseur des images et de l'histoire. Basé sur des matériaux hybrides,
privilégiant la récupération, la mise en avant de phénomènes liés à l'érosion,
son travail est marqué par son histoire personnelle, son engagement pacifiste
et une intuition écologique précoce.
Gustav Metzger est né à Nuremberg en 1926, il vit et travaille à Londres.
Séance présentée par Marie Canet et Mathieu Copeland, en présence de Jessica
Warboys.
Quand
À partir de 19h30