Cruz-Diez. La couleur en mouvement

Acteur majeur de l’op art, Carlos Cruz Diez (Caracas, 1923 – Neuilly-sur-Seine, 2019) aurait eu cent ans en 2023. Arrivé du Venezuela, il s’installe définitivement à Paris en 1960. Il participe aux grandes expositions jalonnant l’histoire du mouvement optique et cinétique. Son œuvre est tout entière consacrée à la mise en évidence de la couleur comme phénomène à la fois éphémère et autonome. Elle se divise en grandes séries, dont chacune traite d’un aspect spécifique de la vie des couleurs. La plupart sont représentées dans l’exposition du Centre Pompidou Málaga.

C’est en 1959, alors qu’il se trouve encore au Venezuela, que l’artiste entreprend sa série la plus connue : les Physichromies. Grâce à des lamelles verticales, perpendiculaires au plan du tableau et régulièrement réparties sur toute sa surface, les couleurs et les formes se modifient en fonction des déplacements du spectateur. Une dizaine d’entre elles sont montrées à Málaga. Les phénomènes d’irradiation de la couleur, d’interférence chromatique, de persistance rétinienne ou de coloration de l’espace sont l’objet d’autres séries sur lesquelles Cruz-Diez a travaillé tout à la fois en ingénieur et en poète.

Le plus souvent dans l’œuvre de Cruz-Diez, le phénomène chromatique demande des dispositifs interactifs pour mieux se manifester. Il faut se déplacer devant les Physichromies, entrer dans les Douches d’induction chromatique ou parcourir le Labyrinthe de transchromie. Ainsi manifestation de la couleur et socialisation de l’art font cause commune. Plus fondamentalement encore, Cruz-Diez est habité par la conviction que plus les œuvres mettent en jeu le système nerveux du spectateur, plus elles sont égalitaires, parce que la perception de l’œuvre n’en passe pas par un savoir et une culture préalables.