Cinémathèque du documentaire
Les statues vivent aussi
09 mai 2022
L'événement est terminé
En 1953, Les Statues meurent aussi, film pionnier et culte réalisé par Resnais, Marker et Cloquet, érigent les oeuvres d’art et objets africains dont regorgent par centaines de milliers nos collections occidentales en preuves et victimes du colonialisme ; le cinéma vient inquiéter le Musée. Les films de cette programmation affirment que les statues (africaines), malgré tout, continuent de vivre : Fang : an Epic Journey singe l’appropriation des arts africains par les Européens, You Hide Me met en scène l’émancipation rêvée des objets dans les réserves des musées, The First World Festival of Negro Arts filme les oeuvres réunies dans les musées du continent, opérant un retour possible au pays natal. Enfin, Sous le masque blanc redonne leurs voix - leurs colères et leur langue - aux collections qui demeurent emprisonnées.
Le Premier Festival mondial des Arts Nègres (The First World Festival of Negro Arts), Wiliam Greaves
États-Unis, 1966, noir et blanc, 40 min
William Greaves (1926-2014), réalisateur et producteur africain-américain de 79 films, est envoyé au Sénégal par la United States Information Agency pour filmer l'événement historique que fut le premier Festival des Arts Nègres, organisé par Léopold Senghor à Dakar en 1966. Il en fait une méditation poétique sur son (premier) retour vers le continent originel, et sur les futurs africains qui s’y écrivent, s’y dansent et s’y disent.
Fang : une épopée (Fang : an Epic Journey), Susan Vogel
États-Unis, 2001, noir et blanc et couleur, 8 min
Film-pastiche savoureux, cette épopée d’une statuette Fang retrace les péripéties physiques et sémantiques que subit un objet africain depuis sa captation coloniale jusqu’à sa consécration par le marché de l’art occidental, tout en mimant une histoire du cinéma : à chaque séquence historique, son traitement filmique.
Sous le masque blanc : le film qu’Haesaerts aurait pu faire (Under the White Mask : The Film That Haesaerts Could Have Made), Matthias de Groof
Belgique, 2020, couleur, 9 min
L’essai Sous le masque blanc: le film qu’Haesaerts aurait pu faire retourne comme un gant le film de propagande coloniale que le réalisateur belge Paul Haesaerts tourna en 1958 au Musée de Tervuren : là où le film originel chosifie des masques congolais, Sous le masque blanc les reconstitue en sujets de par sa bande son, leur prêtant le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, performé ici en lingala. Les masques contre-attaquent.
You Hide Me, Nii Kwate Owoo
Grande-Bretagne/Ghana, 1970, noir et blanc, 16 min
En 1970, le jeune réalisateur ghanéen Nii Kwate Owoo obtient de filmer une journée dans les réserves du British Museum à Londres, qui renferment des dizaines de milliers d’oeuvres d’art africain ancien. De cette réappropriation par l’oeil, la main et la caméra, il tire un manifeste brûlant contre les faux-semblants des musées européens et en faveur des restitutions des oeuvres d’art vers l’Afrique.
En partenariat avec l’association Art Propriation
En présence de Nora Philippe (réalisatrice)
Quand
20h - 21h30
Où
© Matthias de Groof