Louise Bourgeois, James Lee Byars

Le Centre pompidou présente en vis-à-vis deux installations de Louise Bourgeois et James Lee Byars : Precious liquids (1992) et Red Angel (1993). Réalisées à quelques mois de distance, toutes deux parfaitement emblématiques de leur auteur, ces deux oeuvres exceptionnelles se font face comme deux expressions différentes et voisines d'un "grand oeuvre".

A cette conception alchimique, à laquelle répondait le Grand verre de Duchamp, se rattache chez l'un et l'autre artiste, l'intérêt pour la symbolique des couleurs et des formes, pour la transmutation des matières, pour une approche spirituelle de l'art. Aux "liquides précieux" de Louise Bourgeois, exaltation des fluides corporels vitaux, répond la quête de la perfection que poursuit James Lee Byars au travers des formes simples, qui rappellent, par leur pureté même, l'homme au sentiment de sa finitude. Aux passages de l'enfance à la maturité, puis à la mort, que décrit la première, correspond la vision elliptique de l'ange, évoquée par le curieux jeu d'arbesque du second.

Deux propositions ambitieuses et radicales, fascinantes et déroutantes, par deux artistes phares de l'art contemporain qui se sont volontairement inscrits dans les marges d'une histoire de l'art à laquelle ils opposent une forme de résistance spirituelle.

Louise Bourgeois

Née en 1911 à Paris, Louise Bourgeois a vécu l'essentiel de sa vie aux Etats-Unis.

Inscrite sous le signe de l'autobiographie, son oeuvre s'est développée depuis les années quarante : d'abord souterraine, puis de plus en plus reconnue jusqu'à atteindre dans les vingt dernières années, une large reconnaissance internationale. Du dessin, qu'elle pratique assidûment, comme un journal intime, puis des sculptures qu'elle développe à partir des années cinquante, se dégagent des grands thèmes traités de façon répétitive, comme celui de la femme-maison. Precious Liquids est l'une des premières et des plus importantes des grandes installations, ces "chambres magiques", à la fois lieux de mémoire et de transformations, dans lesquelles elle installe ses objets symboliques.

James Lee Byars

Né en 1912 à Détroit, mort en 1997 au Caire, James Lee Byars occupe une place particulière sur la scène artistique : sans perdre son ancrage dans la culture américaine, son oeuvre se déplace au travers de différentes traditions et contrées. Durablement impressionné par un séjour au Japon, au début des années cinquante, il montre aussi une fascination pour les civilisations de l'antiquité et nourrit de nombreux liens avec l'Europe. Attaché à une conception de l'absolu de l'art, son travail utilise des matériaux, des couleurs et des formes symbolisant la perfection. Papier, verre, soie, or qui sont ses matières de prédilection, incarnent un idéal de perfection que symbolisent aussi les formes géométriques, la référence à la tradition et le silence qui imprégnent son travail.