Precious Liquids
1992
Precious Liquids
1992
A space that is both open and closed, this old water tank seems to have witnessed a dramatic event.
In her work, Louise Bourgeois addresses the themes of childhood, intimacy and sexuality in a feminist approach marked by psychoanalysis. Precious Liquids explores the mechanics of body fluids (sweat, tears, urine etc.) secreted in response to a strong emotion. Maternity is suggested by the liquid on the bed. The coat, hung in a phallic manner, symbolises the authority of the father. The inscription engraved on the metal band: “Art is a guarantee of sanity” reveals the artist's guiding thought.
Domain | Oeuvre en 3 dimensions | Installation |
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Techniques | Bois de cèdre, métal, verre, caoutchouc, tissu, broderies, eau, albâtre, électricité |
Dimensions | 427 cm Diamètre : 442 cm diam. des sphères en caoutchouc: 57 et 60cm haut. de la lampe en albâtre: 37 cm |
Acquisition | Achat, 1993 |
Inventory no. | AM 1993-28 |
Detailed description
Artist |
Louise Bourgeois
(1911, France - 2010, États-Unis) |
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Main title | Precious Liquids |
Creation date | 1992 |
Domain | Oeuvre en 3 dimensions | Installation |
Description | Réservoir d'eau d'immeuble new yorkais avec 2 portes, cerclé d'un bandeau métallique comportant une inscription "Art is a guaranty of sanity". A l'intérieur : un lit, des récipients en verre, des mâts métalliques, un vêtement de fillette et un coussin brodés recouvert d'un pardessus d'homme, des sphères en bois et en caoutchouc, une lampe d'albâtre lumineuse |
Techniques | Bois de cèdre, métal, verre, caoutchouc, tissu, broderies, eau, albâtre, électricité |
Dimensions | 427 cm Diamètre : 442 cm diam. des sphères en caoutchouc: 57 et 60cm haut. de la lampe en albâtre: 37 cm |
Acquisition | Achat, 1993 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 1993-28 |
Analysis
En 1992, Louise Bourgeois présente, à la Documenta IX de Cassel (13 juin-20 septembre), Precious Liquids , œuvre monumentale qui s’intercale entre les deux séries de ce qu’elle appelle les Cells [cellules] : les Cells I à VI (1991), consacrées aux sens, et les Cells de l’enfance, dont Arch of Hysteria (1992) et Cell Choisy (1992), présentées à la Biennale de Venise en 1993.
Cette œuvre récapitulative est la plus emblématique de cette période. Contrairement aux espaces ouverts et transparents des pièces précédentes, il s’agit ici d’un espace clos, obscur, que l’on peut cependant traverser par deux portes. Le contenant et le contenu entretiennent une relation de cause à effet puisque l’intérieur de cet immense tonneau, qui est la reconstitution d’un ancien réservoir de toit new-yorkais, est destiné à la circulation des liquides. Les liquides précieux sont, pour Louise Bourgeois, les humeurs émises par le corps : le sang, l’urine, le lait, le sperme, les larmes, tout ce qui s’écoule, fluide, sous le coup d’un choc émotionnel, l’amour, la peur, le plaisir ou la souffrance. À l’intérieur, se trouve un lit en fer, avec une petite flaque d’eau, entouré de quatre montants auxquels sont accrochés de multiples récipients en verre, cornues et alambics, provenant de matériel de laboratoire. En face, deux sphères de bois surmontées d’un immense manteau d’homme, enfermant une chemise brodée de fillette bourrée de son, avec les mots : Merci-Mercy ; puis, de l’autre côté, deux boules en caoutchouc et une œuvre ancienne en albâtre lumineux, formée de deux mamelles superposées, Trani-Épisode (1989). Cette machine, chargée de significations symboliques, fonctionne à double sens. L’eau stagnant sur le lit s’évapore par les tuyaux de verre, se condense et redescend. Le grand manteau suspendu de façon phallique au-dessus des deux boules symbolise le père, la figure d’autorité répressive. « La petite fille trouvant refuge dans le grand manteau représente l’enfant qui a été soumise à de fortes émotions et s’est montrée capable, dans son processus de maturation, de ressentir de la pitié pour le Grand Extravagant tape-à-l’œil », déclare Louise Bourgeois (notes pour Precious Liquids , 5 novembre 1992). Cette machine désirante peut être considérée comme un équivalent féminin du Grand Verre de Marcel Duchamp. À la relation entre les hommes et la mariée, répond celle de la fille à son père. La mécanique des fluides est ici celle de la peur et de la sueur. À la mise à plat correspond le volume, à la transparence, l’obscurité, à la stérilité du célibat, la fécondité humide de la maternité, suggérée par l’homme « enceint » de la robe, les deux seins de Trani-Épisode , et le liquide échappé du tonneau comme le liquide amniotique émis lors de la naissance. La morale de cette œuvre, qui peut s’appliquer à l’ensemble de la production de l’artiste, est gravée sur le bandeau de métal qui cercle le réservoir à l’entrée de l’installation : « Art is a guaranty of sanity » [L’art est une garantie de santé mentale].
Marie-Laure Bernadac
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007