
Focus sur... la « Chaise Universale » de Joe Colombo

Chaise Universale, 1965
Acrylonitrile butadiene styrène (ABS) moulé sous pression, 71 x 42,5 x 50 cm
© Ignazia Favata, Studio Joe Colombo
Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jean-Claude Planchet/Dist. GrandPalaisRmn
C’est en 1965 que Joe Colombo conçoit la Chaise Universale pour Kartell. Légère, empilable (elle peut supporter trois autres chaises), elle comporte un système de piètements interchangeables qui permettent d’en ajuster la hauteur. Initialement réalisée en acrylonitrile butadiene styrène ou ABS, puis en nylon injecté, et finalement en propylène, la Chaise Universale est la première chaise moulée intégralement en plastique. Sa réalisation est d’ailleurs particulièrement complexe en raison de la nature encore émergente de cette technologie, et il faudra attendre l’automne 1967 pour que la pièce puisse entrer en production. Toutefois, son usage dans le secteur industriel reste particulièrement intéressant car ce matériau offre une excellente résistance aux chocs, aux agents atmosphériques, tout en restant peu coûteux. Le titre de la pièce évoque d’ailleurs la polyvalence ses usages possibles, pouvant autant être utilisée en intérieur qu’en extérieur.
La Chaise Universale illustre également les recherches formelles autour du plastique dans la démarche de Joe Colombo. Le designer n’a pas cherché à mettre en avant la technique du moulage utilisée pour réaliser la pièce. L’aspect arrondi des angles, les bords ciselés et les piètements à demi-cylindriques expriment davantage la fluidité et la plasticité associées aux potentialités de nouveau matériau.
Légère, empilable, la Chaise Universale comporte un système de piètements interchangeables qui permettent d’en ajuster la hauteur.
Diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Brera en 1949, Joe Colombo se forme également à l’architecture au Politecnico de Milan entre 1950 et 1954. À ses débuts, il se démarque par le développement d’une pratique plurielle, investissant différents médiums, tels que la peinture, la photographie, la sculpture ou l’architecture. En 1950, il co-fonde le groupe Arte nucleare. Il réalise d’ailleurs sa première construction architecturale à Milan en 1952-1953, et participe à la Xe Triennale en 1954. Néanmoins, cette même année, son parcours connaît une interruption, car il reprend l’entreprise familiale durant plusieurs années. Il reprend son activité dès 1962 en ouvrant son premier studio à Milan, tout en se focalisant sur le design et l’architecture.
Joe Colombo se distingue rapidement dans le champ du design industriel. Il porte un intérêt particulier pour les nouveaux matériaux et produits de synthèse qui se développent au cours des années 1960. Il perçoit dans ces innovations technologiques le moyen de développer un nouvel art de vivre et de penser l’espace habité. Ses pièces témoignent d’une approche qui se veut modulaire et rationaliste du mobilier. Il développe d’ailleurs une esthétique en accord avec ces nouveaux matériaux industriels, où se dégage une volonté de satisfaire le combinable, le multipliable et le proliférant. Il cherche ainsi à unifier, dans un ensemble cohérent, les espaces consacrés à la préparation du repas, à la détente, la convivialité, aux soins du corps ou sommeil. En 1970, sa Chaise Universale reçoit le Compas d’Or, prestigieuse récompense internationale de design. ◼
* de Dan Erickson, sur Apple TV+
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