Maquette de panneau pour l'exposition de la Juryfreie : Mur A
[1922]
Maquette de panneau pour l'exposition de la Juryfreie : Mur A
[1922]
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Gouache sur papier noir |
Medidas | 34,7 x 60 cm |
Adquisición | Donation de Mme Nina Kandinsky, 1976 |
Inventario | AM 1976-889 |
Información detallada
Artista |
Vassily Kandinsky
(1866, Empire Russe - 1944, France) |
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Título principal | Maquette de panneau pour l'exposition de la Juryfreie : Mur A |
Fecha de creación | [1922] |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Gouache sur papier noir |
Medidas | 34,7 x 60 cm |
Inscripciones | R.B.G. : A |
Adquisición | Donation de Mme Nina Kandinsky, 1976 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1976-889 |
Análisis
Au cours des années 1920 et 1921, après la fusion de l’Inkhouk [Institut de la culture artistique] et de l’izo [section des Arts plastiques], destinée à créer un musée de culture picturale à Moscou, Kandinsky devient responsable de la section picturale, à laquelle il donne le nom de « section de l’art monumental ». Reprenant une analyse « objective » de la peinture en juin 1921, il oppose aux formes géométriques élémentaires des suprématistes et des constructivistes ses propres observations sur les éléments de base de la composition (le point, la ligne par rapport à la surface, entre autres), pour la section physico-psychologique d’un nouvel institut, l’Académie des sciences et de l’art. À cette époque, il est déjà en pourparlers pour obtenir un poste à l’étranger ; Berlin a sa préférence. C’est dans ce contexte qu’il rejoint en juin 1922, à l’invitation de l’architecte Gropius, l’équipe des maîtres du Bauhaus à Weimar. Le programme qu’il n’a pu réaliser en URSS sera désormais mis en application dans le cadre de cette école.
Abandonnant la peinture de chevalet au profit d’une peinture intégrée dans un ensemble architectural, Kandinsky conçoit la maquette d’une grande peinture murale pour la Juryfreie Kunstschau, qui a lieu à l’automne au Landeaustellunggebäude (Glaspalast) de Berlin. Dans la détresse et l’agitation sociale qui règnent dans cette ville au lendemain du traité de Versailles, un tel projet semble utopique : il s’agit de simuler le hall d’entrée d’un musée d’art contemporain dans un espace octogonal. Kandinsky réalise une maquette à la gouache, sur carton noir ou brun : quatre esquisses pour les murs principaux, une dernière pour les panneaux d’angles (toutes les cinq seront données en 1976 par Nina Kandinsky au Centre Pompidou pour la reconstitution du salon octogonal à l’entrée du Musée en 1977). Les peintures sont exécutées sur de grandes tentures noires par les élèves du Bauhaus au cours de l’été 1922. C’est le premier travail collectif de l’atelier de peinture murale dont Kandinsky est devenu le « maître de formes ». La photographie d’un des panneaux grandeur nature montre qu’au cours de la transposition, le contour des formes géométriques s’est encore affirmé. La salle sera malheureusement démontée sans laisser d’autres traces. Ce décor mural impressionne une célèbre visiteuse, l’Américaine Katherine Dreier, qui mentionne aussitôt l’événement dans l’exposition Kandinsky qu’elle organise en 1923 à la Société Anonyme, à New York. Si cette œuvre-pivot annonce la « décantation des formes » codifiée par l’enseignement de l’artiste au Bauhaus, W. Grohmann, dans la monographie qu’il lui consacre en 1931, y verra plutôt une production exotique qu’une émanation de l’Institut : « Ces peintures sont comme un dernier souvenir de Moscou qu’il a quitté, une combinaison très individuelle d’une mélodie orientale de couleurs et de formes, rappelant Moussorgsky plutôt que Stravinsky. Populaires et infiniment riches de sons, et d’une élévation de passion qui tient au mysticisme. »
Au Bauhaus de Weimar, Kandinsky retrouve Paul Klee, avec lequel il s’était lié à Munich à l’époque du Blaue Reiter, et fraternise avec Lyonel Feininger, qui cesse d’enseigner dès 1925 mais continue à vivre parmi les maîtres. Kandinsky intègre donc avec un certain décalage l’aventure de l’école, où il restera jusqu’au sabordage de celle-ci, en 1933, sans doute parce qu’il lui est malaisé de trouver une autre situation – il reste « russe » malgré sa naturalisation allemande en 1928 –, et se fait le témoin lucide de toutes les péripéties et révoltes, de Weimar à Dessau, de Dessau à Berlin. Après des déménagements répétés, il partage avec Klee, de fin 1926 à fin 1932, la quiétude des Meisterhäuser (maisons des maîtres) à la Burgkühnauer Allee de Dessau. En 1926, il publie au Bauhaus-Verlag Punkt und Linie zu Fläche (Point Ligne Plan), texte qu’il porte depuis 1914 et dans lequel il défend – combat d’arrière-garde – la possibilité d’une peinture indépendante, dégagée de toute propagande, non asservie à une architecture minimaliste qui nie jusqu’à l’existence du tableau encadré. Et afin de rendre son essai plus convaincant, il réduit l’illustration photographique, devenue une caractéristique de l’édition au Bauhaus, au profit de la reproduction de trente-huit dessins. Ses cours dispensés à Dessau sont aujourd’hui malencontreusement distraits du fonds Kandinsky au profit du Getty Research Institute, mais la collection du MNAM reste d’une extraordinaire richesse sur ces onze années d’enseignement et sur cette brillante microsociété internationale dont Kandinsky, depuis son promontoire de Neuilly-sur-Seine, où il s’établit à partir de 1934, suivra avec attention la diaspora.
Vignettes, dessins, notes innombrables pour des tableaux témoignent de cette période constructive et utopiste du Bauhaus, qui s’inscrit en contraste radical avec la table rase précédente de Dada Berlin et le réalisme de la Neue Sachlichkeit [Nouvelle Objectivité] des années 1922-1930. Kandinsky porte dans ses inventaires de multiples petits tableaux et de véritables séries d’aquarelles. Exceptions à la règle de l’autonomie des aquarelles par rapport à sa peinture, Auf Weiss II [Sur Blanc II] conçu en 1922, et Im Schwarzen Viereck [Dans le carré noir], en 1923, seraient de rares esquisses pour des peintures réalisées presque sans variante – à moins qu’il ne s’agisse dans le second cas d’une réduction. Elles sont représentatives du vocabulaire plastique des années de Weimar, qui est résumé dans le portfolio des douze gravures Kleine Welten [Petits mondes] réalisées en 1922 : fragiles équilibres entre formes géométriques (vecteurs, cercles, arcs, damiers, etc.), comme laissées en suspens dans l’espace (la Composition VIII, 1923, MNAM, en donne encore l’exemple). Dans ces gravures sont adaptées et développées les propositions constructivistes assimilées par Kandinsky à Moscou et qui se sont affirmées après l’exposition « Erste Russiche Kunstausstellung », organisée par El Lissitzky à la galerie Van Diemen de Berlin, en 1922.
À Dessau, la pratique de Kandinsky change. Le Bauhaus devient une école de « designers », d’architectes ; l’enseignement a moins besoin des peintres, dont les classes de peinture libre ne sont plus que des tutorats marginalisés. La photographie s’affirme au détriment de la gravure. Les pictogrammes de Moholy-Nagy génèrent des recherches nouvelles sur la lumière ; le rendu précis des matières par l’objectif de Walter Peterhans fixe également l’attention de Kandinsky. Verdunkeln [Obscurcir], aquarelle de 1930, est exemplaire des nouvelles techniques employées par Kandinsky, éliminant la notion de la touche : l’intervention de la main se réduit au monogramme. Les subtils halos de clair et d’obscur, le jeu diffus de lumières colorées, sont obtenus avec des pigments vaporisés à l’aérographe, savamment dosés par des caches de carton. Comme le lui rappelle avec malice son neveu Alexandre Kojève dans une lettre, Kandinsky se rapproche de l’esthétique de Klee.
Christian Derouet
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliografía
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LAUDE (Jean).- "Naissances des Abstractions", in Cahiers du Musée national d''art moderne (revue], n°16, Paris, éd. du Centre Pompidou, juin 1985 (reprod. p.59 fig.20) . N° issn 0181-1525-16
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Barnett (Vivian Endicott).- Kandinsky Aquarelles. Catalogue raisonné, Second volume, 1922-1944 : Paris, Société Kandinsky, 1994 (cat. n° 576, cit. et reprod. p. 38) . N° isbn 2-86656-111-2
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Fiedler (Jeannine), Feierabend (Peter).- Bauhaus.- Cologne : : Könemann, 1999 (repr. coul. p. 456) . N° isbn 3-89508-600-2
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 134-136) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Inventing Abstraction 1910-1925. How a radical idea changed modern art : New York, The Museum of Modern Art, 23 déc. 2012-15 avr. 2013. - New York, The Museum of Modern Art, 2013 (cat. n° 373, cit. et reprod. coul. p. 314) . N° isbn 978-0-87070-828-2
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Kandinsky. A retrospective : Milwaukee Art Museum, 5 juin-1er sept. 2014 // Nashville, The First Center for the Visual Arts, 26 sept. 2014-4 janv. 2015.- Paris, Ed. du Centre Pompidou / Milwaukee Art Museum, 2014 (sous la dir. d''Angela Lampe et Brady Roberts) (Cat. n° 66, cit. et reprod. coul. p. 105, légende p. 187) . N° isbn 978-0-300-20663-0
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Musicircus : oeuvres phares du Centre Pompidou : Centre Pompidou-Metz, 20 avril 2016 -17 juillet 2017 / [direction d''ouvrage Anne Horvarth et Emma Lavigne]/ - Metz : Centre Pompidou-Metz, 2016 (Cit. p. 27, reprod. coul. p. 28, non légendé, non exp.) . N° isbn 978-2-35983-042-2
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