Landscape-Table (Table-paysage)
1945
Landscape-Table
(Table-paysage)
1945
« La nature est traitée ici à la façon d'un cryptogramme .» (André Breton)
à leur contact et à celui des peintures de Joan Mir6. Comme l'indique son titre, le sujet de cette œuvre est double, à la fois support d'objets divers et paysage mental. Sur un fond solaire, l'artiste retranscrit de manière automatique les formes hybrides nées de son imaginaire.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 92 x 121 cm |
Adquisición | Achat, 1971 |
Inventario | AM 1971-151 |
En cartel:
Información detallada
Artista |
Arshile Gorky (Manoog Adoian Vosdanig, dit)
(1904, Empire ottoman - 1948, États-Unis) |
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Título principal | Landscape-Table (Table-paysage) |
Fecha de creación | 1945 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 92 x 121 cm |
Inscripciones | S.D.B.G. : A Gorky / 45 |
Adquisición | Achat, 1971 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1971-151 |
Análisis
Seule toile de Gorky présente dans la collection (tandis qu’ont pu être acquis récemment deux dessins de 1946, Sans titre , dessin préparatoire pour Good Hope Rope II , AM 2003-269, anc. coll. Breton ; et Sans titre , AM 2005-23, anc. coll. Julien Levy), Landscape-Table est significative du langage formel mis en place par le Gorky de la maturité, après des années d’emprunts au cubisme de Braque et de Picasso : la lecture de l’ouvrage de Julien Levy, Surrealism (1936), la rencontre surtout des « surréalistes en exil » à New York durant la guerre – André Breton, André Masson, Roberto Matta – sont décisives, ainsi que la connaissance de l’œuvre de Miró, exposée régulièrement à la Pierre Matisse Gallery de New York, véritable plaque tournante entre les milieux artistiques français et l’avant-garde américaine. L’émigré arménien venu aux États-Unis en 1920, tout à la nostalgie des racines perdues, ne pouvait qu’être sensible à la voie de la dictée de l’inconscient, préconisée alors par ses nouveaux amis français, et à l’idée d’un biomorphisme des images mentales latentes qui peuplent la mémoire enfouie. André Breton, qui préface le catalogue de sa première exposition à la Julien Levy Gallery en 1944 (d’où vient la peinture du Musée), le remarque : « Pour la première fois, la nature est traitée ici à la façon d’un cryptogramme sur lequel les empreintes sensibles intérieures de l’artiste viennent apposer leur grille à la découverte du rythme même de la vie ». Le titre de la peinture l’indique : cette table est en même temps un paysage. Sur un fond tour à tour solaire et obscurci d’ombres, quasi oriental, brossé tels ceux des « peintures de rêve » de Miró, se déploie à l’horizontale comme dans une nature morte, un réseau de graphismes qui dessinent des contours hybrides, amorces ou résidus de formes organiques mi-végétales, mi-humaines, on ne sait : des figures latentes, en suspens, aléatoires, incarnées ou fantomales, vaguement colorées ou transparentes comme des souvenirs en fuite apparaissent ici et là, et peuplent ce qui peut être considéré comme un paysage mental. Paysage ouvert à tous les surgissements ou table de dissection de formes ? Le tableau est l’espace d’une inscription de la mémoire, selon un flux naturel, tour à tour vivant et morbide. La précision souple, incisive, acérée même du graphisme, mêlée à la fluidité et à l’évanescence d’une matière picturale tout en nuances douces, lui confère une violence physique presque cruelle, ainsi qu’une suavité très sensuelle : ces qualités de Gorky – par ailleurs considéré, avec De Kooning, comme un des fondateurs de l’expressionnisme abstrait américain –, ne sont pas sans annoncer celles de Cy Twombly.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007