Exposición / Museo
Bertrand Lavier
20 feb - 14 abr 1991
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Cette exposition monographique est consacrée à l’artiste français Bertrand Lavier.
[…] Parmi ses contemporains, Bertrand Lavier occupe une position forte et singulière. Ses « démonstrations » vont bien au-delà de la leçon d’art ; elles sont perturbatrices, pertinentes, efficaces.
Des Landscapes-paintings aux ready-made peints, des considérations ou du regard d’historien d’art, à l’attitude socio-critique amusée et humoristique, c’est toute notre éducation intellectuelle et nos façons de voir qui sont mises en question : que percevons-nous du réel, comment y distinguer la matière artistique… Autant d’invitations fermes à considérer et apprécier, dans cette « Touche Lavier », le pourquoi de ce coup de brosse, le pourquoi de ce recouvrement trompeur des objets de l’usage quotidien qui, ainsi, finissent par être perçus comme sculpture et peinture tout à la fois.
Qu’ajoute donc le fait de peindre à la représentation ready-made, à l’appropriation de l’objet ? Ne serait-ce pas, au contraire, insister lourdement sur le réel, sur l’objet ? Le piano, par exemple, « je ne le repeins pas », répond-il à Jacques Soullilou, « puisqu’il l’est déjà - je le peins ». Lavier en rajoute toujours un peu dans ce jeu. […]
Des poches de résistance ont toujours fait de l’art un lieu de tension. Bertrand Lavier est de ceux qui, depuis vingt ans, préférait par choix, agir directement avec un vocabulaire visuel simple pour susciter « l’émerveillement linguistique » et provoquer une réelle complexité conceptuelle. Car il joue des objets comme des mots. Si son travail est essentiellement connu par sa matérialité, il est tout autant fondé sur les écarts de langage qu’il soulève - dans tous les sens du terme. S’il est souvent classé comme l’artiste qui « repeint les objets », il ne cesse d’inventer, de déplacer, de bousculer les énonciations les plus évidentes. Il se sert dans le réel d’objets qu’il observe, choisit, manipule. Certes il repeint les objets mais aussi les superpose, les recadre, les illumine, les découpe, les juxtapose. Cette manipulation ne s’arrête pas au potentiel visuel des objets retenus. En ce sens, il se détache complètement d’un Marcel Duchamp pour qui le ready-made ne devait être qu’une forme que l’on ne regarde même pas. […] En créant scientifiquement le doute sur ce qu’il y a à voir et sur ce qu’il y a à en dire, son œuvre se révèle simultanément complexe et réjouissante. […]
[…] Si l’on tente de classer l’œuvre de Lavier, dont une des caractéristiques est qu’elle n’hésite pas à reprendre, dix ans plus tard, un point laissé en suspens, il serait possible de dresser un inventaire des catégories formelles sous la forme suivante :
les objets peints ; les objets détournés ; les objets superposés ; les objets déclinés ; les objets immatériels sur les objets matériels ; les objets immatériels sur les objets immatériels ; les objets cadrés, ou recadrés. Auxquels il faut ajouter les objets créés in situ qui relèvent peu ou prou des catégories ci-dessus, ave ce je-ne-sais-quoi de particulier que le contexte ajoute, sans que, précisément dans le travail de Lavier, ce contexte soit directement un élément constitutif de l’œuvre. […]
Comme les peintres ses prédécesseurs, mais avec quel humour et conviction, Lavier repose la question de la réalité et du réel peint. D’ailleurs, l’énoncé, peut-être le titre, ne vient-il pas ici comme une « faveur » et ne s’ajoute-t-il pas comme une énigme supplémentaire à la réalité ou à l’apparence ? Lavier, à ce jeu aussi, est un Maître.
Satisfaire aujourd’hui à cette invitation, faite par Jean Hubert Martin à Bertrand Lavier, ne relève pas seulement pour nous de la continuité [du Centre Georges Pompidou], elle manifeste notre adhésion à une œuvre qui chaque fois rencontrée n’a cessé de nous surprendre.
D’après Dominique Bozo et Paul-Hervé Parsy, extraits de la préface du catalogue d'exposition
Quando
todos los días excepto martes