Exposición / Museo
Donación Florence y Daniel Guerlain
16 oct 2013 - 7 abr 2014
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Le Centre Pompidou consacre une exposition à l’exceptionnelle donation d’oeuvres sur papier généreusement consentie par Florence et Daniel Guerlain en janvier 2012. Ces deux collectionneurs français ont réuni un ensemble riche de plus de mille deux cents dessins, sur une période de quinze années, les oeuvres de plus de deux cents artistes d’une trentaine de nationalités différentes. L’entrée de cette riche et prestigieuse collection, une référence pour l’art sur papier contemporain, au cabinet d’art graphique du Centre Pompidou en a transformé profondément la physionomie et constitue pour lui un enrichissement historique. La collection complète opportunément celle du Cabinet d’art graphique, en l’enrichissant d’oeuvres d’artistes qui n’étaient pas encore représentés, comme par exemple Javier Perez, Vidya Gasteldon, Gert et Uwe Tobias, Richard Prince, Cameron Jamie ou en renforçant des ensembles déjà existants. Dans les salles reconfigurées de la galerie d’art graphique et de la galerie du musée, exceptionnellement réunies pour l’occasion, cette présentation inédite rassemble quelque trois cents dessins choisis parmi l’ensemble de la donation.
En 2006, ces deux passionnés créent le Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel et Florence Guerlain. L’exposition est conçue autour des oeuvres des quinze artistes nominés pour les cinq premiers prix. C’est ainsi que des ensembles ou des séries de dessins de Dove Allouche, Silvia Bächli, Marc Bauer, Sandra Vasquez de la Horra, Jean-Luc Verna, Jorinde Voigt, Amelie von Wulffen… côtoieront les grands formats de Frédérique Loutz et de Jorge Queiroz. Autour de ce noyau se déploieront l’ensemble exceptionnel de huit dessins de Nancy Spero de la série des « Artaud Paintings » (1968-1969), un groupe de dessins de 2010 d’Anne-Marie Schneider et une série de Nedko Solakov, mais également des oeuvres isolées de Miquel Barcelo, Marlene Dumas, Shirley Jaffe, Richard Prince ou Gerhard Richter. L’exposition reflétera également le parti pris volontairement international des collectionneurs qui ont très tôt su ouvrir leur collection aux artistes latino-américains (Guillermo Kuitka, Kcho, Carmen Perrin…), japonais (Leiko Ikemura et Yayoi Kusama), chinois (Huang Yong Ping, Guo Wei…), russes (Pavel Pepperstein, Georgy Litichevsky, Alexander Ponomarev…) ou encore originaires de l’Inde et du Pakistan (Rina Banerjee, Huma Bhabba, Atul Dodiya…), tout en laissant une place importante aux artistes français, très nombreux dans la donation.
Extraits d’entretien avec les deux généreux collectionneurs.
Jonas Storsve - Qu’est-ce qui vous séduit dans le médium du dessin ?
Daniel Guerlain - Je suis paysagiste et, comme pour le dessin d’artiste, c’est le premier geste qui transmet du cerveau à la main. Que ce soit pour la création de jardins , pour cel le de voi tures ou d’avions, le premier geste se fait au crayon même si après, de nos jours, l’informatique a pris le relais. Quand nos grands architectes construisent des musées extraordinaires, je suis sûr qu’ils ont commencé par un crayonnage ou un vrai dessin dans leur bureau, leur chambre ou un avion… Je pense que le crayon est un « outil » qui devrait être donné à tous les enfants au début de leur vie. D’ailleurs lorsque l’on regarde des dessins de jeunes enfants, il y a une fraîcheur, une spontanéité incroyable qui disparaît dès que l’adulte donne des directives ou des tendances.
Florence Guerlain - […] Si nous regardons les peintures des maîtres anciens, on retrouve des dessins préparatoires qui sont aussi beaux que les chefs-d’oeuvre peints.
JS - En 2006 vous avez créé un prix de dessin contemporain. La décision de concentrer votre collection sur le dessin vient-elle de là ou s’agit-il d’une décision antérieure au prix ?
FG - La Fondation créée en 1996 était destinée à faire découvrir l’art au plus grand nombre aux Mesnuls [NDLR : la commune des Yvelines où les collectionneurs ont choisi d’implanter leur fondation]. […] Si le lieu est historiquement intéressant, il n’était pas réaliste dans la pratique car trop éloigné de Paris ce qui rendait l’accès difficile […]. Nous avons donc décidé de fermer, en 2004, l’aspect public de la Fondation et avons initié, en 2006, un prix de dessin contemporain correspondant à la passion de Daniel pour le trait. […]
DG - On peut dire qu’à partir de là nous avons regardé le dessin d’une façon plus intense, plus systématique pour notre collection. Ce prix d’abord biennal, devenu annuel depuis 2009, a bien sûr influencé notre façon de collectionner.
JS - Quels sont les conseils que vous donneriez à un collectionneur qui débute ?
DG - De ne pas se presser, de regarder…
FG - D’acheter selon son coeur, je crois. Quand une oeuvre agace ou choque : ne pas dire je n’en veux pas, ce n’est pas bien. Au contraire la regarder encore plus…
JS - Il est rare que les donations de cette importance aboutissent dans les musées français. Aux États-Unis, par exemple, on a davantage l’habitude de ce type de générosité. Est-ce que vous pensez que votre exemple va entraîner d’autres donations ?
FG - Mille deux cents dessins c’est effectivement une grande donation. Il faut espérer que nous soyons suivis. Au risque de paraître prétentieuse je crois que nous avons fait des émules. […] Je pense qu’il y a une prise de conscience de certains collectionneurs que les musées ont moins de moyens pour acquérir des oeuvres. C’est alors un moyen d’enrichir les collections.
JS - Parmi les dessins donnés au musée, avez-vous eu l’un et l’autre des coups de coeur particuliers ? Y a-t-il une oeuvre ou un artiste qui vous séduit plus que d’autres ?
DG - Je crois que nous ne pouvons pas vraiment répondre à cette question. Mille deux cents dessins, trente-huit nationalités, deux cents artistes, cela représente un nombre incalculable de coups de coeur. J’aurais peur de faire de la peine à quelques artistes et ce serait désolant, cela gâcherait l’immense plaisir de cette donation et celui encore plus grand de voir cette exposition devenue réalité.
FG - Je partage l’avis de Daniel. Laissons-nous porter par ce grand bonheur !
par Jonas Storsve, Conservateur du cabinet d'art graphique, Musée national d'art moderne, commissaire de l'exposition
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